Chapitre 3 (3/3) |
(du 23/12 au 30/12)
l...
23/12/02
Lieu : Varanasi
Ouf ! Jy suis arrivé ! Après 26 heures de trajet ! Le train na que 6 heures de retard Il est donc plus de 22h00 quand le Janta Express (qui na dexpress que le nom) arrive en gare de Varanasi Je saute dans un rickshaw et direction la vieille ville et de nouveau le Gange En chemin, on croise un convoi funèbre La spécialité de Varanasi, cest la crémation des défunts Le mort repose sur un brancard porté par 4 hommes. Derrière suit la famille (seulement les hommes) et le bois ! Ma foi, tous mont lair plutôt joyeux !
Jatterris finalement dans un hôtel sordide Le patron essaie de me vendre tous les circuits touristiques habituels Cest très bien Maintenant jai une petite idée des prix Mais dès demain, je change dhôtel En attendant je vais me coucher !
24/12/02
Lieu : Varanasi
Joyeux Noël à toutes et tous !
Om Namah Shivaye !
- Certains passages de mon récit sont assez « crus »
Que cela ne vous empêche pas de festoyer et de vous réjouir La Vie est si courte -
21h30
Cela
fait 2 heures que jattends en vain le retour de lélectricité
Je suis finalement monté sur le toit de mon nouvel hôtel, l
« hotel Sonmony », juste au-dessus dun ghat de crémation,
le Harischandra Ghat. La pénombre règne sur les rives du Gange
Seuls les bûchers funéraires dégagent encore de lugubres lumières.
Avec de temps à autres de terribles éclairs
Car il fait
un orage du tonnerre et il pleut averse ! Je suis quand même
descendu macheter quelques pâtisseries afin de fêter Noël
dignement
Une grosse boîte
Jen ai offert au
personnel de lhôtel
Et je me goinfre en ce moment même
en essayant de ne pas répandre de sucre sur mon clavier !
Toute la journée Varanasi a été plongée dans un épais brouillard humide. Le Soleil na fait quune timide apparition vers 15h00. Me voici donc au cur de la cité de la Vie et de la Mort. La mythique Bénarès La ville où les Hindous souhaitent mourir afin daller directement au Paradis A défaut, la ville où ils se font incinérer |
![]() Main Ghat |
Après avoir changé dhôtel ce matin de bonne heure, je me suis rendu sur les ghats embrumés. Il fait encore très frais Voire même très froid Il ny a pas grand monde mais les ghats semblent sétendre sur des kilomètres. Et pas grand monde sur des kilomètres, ça fait au final quand même beaucoup de monde. Je suis en Inde Il y a aussi pas mal de touristes qui se promènent tout comme moi. Surtout des Japonais. Journée placée sous le signe des rencontres et de la mort.
Première rencontre : Arti, une jeune Indienne de 13 ans Elle vend des cartes postales afin de gagner largent nécessaire pour payer ses études. Cela lui coûte 600 Rs par mois, sans compter luniforme et les livres. Comme cest une fille, semble-t-il plutôt intelligente, elle se voit délaisser par tous ses professeurs. Aussi elle bosse toute seule et croyez-moi, elle parle mieux langlais que moi ! Et sans ce fichu accent indien ! On discute quelques minutes sur lécole sa famille son avenir Je lui achète 11 cartes postales et on prend rendez-vous pour demain Je vais lui donner des cours de français et elle va minstruire en hindi. Autour de nous, quelques adultes se sont approchés et tendent loreille.
Un peu plus loin, je me fais brancher par Raj, un jeune Hindou âgé de 27 ans. Seconde rencontre. Il promène les touristes sur le Gange en bateau.
22h00 Retour de lélectricité En fait, je sais que lélectricité est coupée chaque jour
Je me laisse embobiner et jembarque Lui mapprend (il parle également langlais correctement) quil doit marier sa sur. 80 000 Rs pour la dote ! A 20 Rs le tour de barque, cela fait 4 000 touristes à promener Alors il vend également de la drogue Ensuite il espère mettre encore un peu dargent de côté et ouvrir un salon de chai La vie nest pas facile pour tout le monde On longe les ghats pendant près dune heure dans sa barque La fumée des bûchers se mélange avec le brouillard.
Troisième rencontre ; avec un Brahmane sur les ghats de crémation des morts. Je discute avec lui pendant un long moment A quelques mètres, les cadavres se consument lentement. Il me parle essentiellement de la Gita (on prononce « guita ») de la Vie, surtout de la Mort, de lÊtre, de Dieu et des molécules ! en faisant un crochet par Darwin et sa théorie de lévolution Bon, je lavoue, je nai pas tout compris Je regrette que mon hindi ne se limite encore quà une dizaine de mots Jai honte Mais à défaut de comprendre la lettre, je perçois lesprit
Je ne vous parle pas des dizaines de personnes qui mont également abordé ce jour Les masseurs, les vendeurs de substances « illicites », les diseurs de bonne aventure, les marchands doffrandes et tous les autres qui mont proposé de memmener faire un tour en bateau
![]() Manikarnika Ghat |
Jai donc finalement atterri au Manikarnika Ghat, lun des plus anciens et des plus sacrés de Varanasi. Jai assisté au début et au déroulement de nombreuses crémations Le ghat sous mon hôtel, le Harishchandra ghat, est également consacré au dernier voyage des mortels, mais il ny a que deux ou trois corps Ici, on en brûle 200 à 300 par jour Javoue que cela na rien de réjouissant Surtout en ce jour de Noël ! En tous cas, cest vraiment impressionnant Surtout quand le tissu qui recouvre les cadavres a entièrement brûlé et que lon discerne clairement le corps calciné Les morts arrivent sur des brancards en bambous portés par les doms des hors castes qui vivent aux abords du Fleuve. La famille suit derrière en poussant des acclamations Les femmes sont interdites Les pleurs empêcheraient lâme datteindre le Paradis Parfois, il peut même y avoir un orchestre de percussion ! Cela na rien dune arrivée discrète ! Et cela semble même plutôt joyeux ! |
Après tout si le défunt est assuré de rejoindre le Paradis, il y a finalement pas de quoi sattrister, si ce nest sur son propre sort ! Les cadavres arrivent de Delhi, de Bombay, des Etats-Unis à raison dun toutes les dix minutes Le mort, ou la morte, - on brûle aussi les femmes (pas seulement avec leurs défunts maris !) - est revêtue dun linge de couleur : rouge pour les femmes, blancs pour les hommes, oranges pour les vieux On brûle donc tout le monde ici Enfin presque tout le monde (un certificat de décès de la police est même réclamé afin de pouvoir brûler les corps) : ainsi les enfants de moins de 10 ans, les femmes enceintes, les sadhu, les personnes décédées de façon non naturelles, les malades atteints de la variole ou de la lèpre sont condamnés à se réjouir des affres dune nouvelle vie terrestre Sous la forme dune vache ? . Pour tous ces infortunés payant le prix de lourds karma accumulés au cours de vies antérieurs, on se contente de les balancer dans le Gange Avant dêtre brûler, tous les corps sont également immergés quelques instants dans le Fleuve Sacré Cest le fils du défunt (à défaut son frère ) qui a le privilège de mettre le feu au bûcher. Il doit en faire 5 fois le tour. Chaque caste possède son propre espace crématoire Les prêtres (Brahmanes) et les « guerriers » (Ksatriya) dun côté, les commerçants (Vaishya) et les « intouchables » (Shudra) de lautre. Cest la dernière discrimination Enfin peut-être Je me demande si le système des castes perdure aussi au Nirvana Un corps humain met plus de trois heures pour se consumer totalement. Certains os sont particulièrement coriaces Pour ce faire, il faut un apport dénergie de plus de 200 kg de bois. A 60 Rs le kilo de bois, cela représente une certaine somme et les touristes sont sollicités pour payer le bois des pauvres. Notamment celui de pauvres vieux et pauvres vieilles qui ont effectué leur dernier pèlerinage et sont venus attendre la mort ici.
Après 1 heure de combustion, environ, un des doms fracasse le crâne avec un grand bambou. Le prêtre du lieu, un Naga Sadhu, aide alors lâme du défunt à rejoindre un monde meilleur Cest lUnion de lEau, du Feu, de la Terre, de lAir et du Vide LEsprit est libéré
25/12/02
Lieu : Varanasi
100ème jour en Inde
Encore vivant et sain(t) desprit !
Le temps est demeuré maussade aujourdhui. Le Soleil a passé sa journée à jouer à cache-cache avec les nuages de brume. Je prierai Surya, le Dieu du Soleil, ce soir avant de me coucher
La journée ma encore paru bien brève aujourdhui Jai passé la matinée à essayer de trouver un accès Internet ouvert Jai bien parcouru la moitié de la ville à pieds ou en rickshaw en vain Quand finalement jen ai trouvé un ouvert, la connexion était vraiment trop lente et je nai même pas pu vous envoyer la suite de mes aventures Pour finir, jai même eu droit à une coupure délectricité ! Je me suis ensuite rendu sur les ghats Je viens de commencer la lecture du Ramayana LHistoire damour entre Rama (incarnation de Vishnou) et Sita (incarnation de Lakshmi), de Ravana (le Démon) , dHanuman (le Dieu Singe) et dun cinquantaine dautres personnages, créatures divines, démons et sages Cest encore une super histoire ! |
![]() Sur les ghats |
Arti me rejoint vers 3h00 p.m. Je lui apprends quelques phrases en français, et elle mapprend quelques phrases usuelles en hindi Très vite des curieux se joignent à nous Ses deux jeunes frères sont assis sagement près de nous. Je lui donne quelques livres et lui rachète quelques cartes postales Elle minvite à prendre le thé un peu plus loin. Sur le ghat, tout le monde la connaît Elle est super bavarde Elle narrête que quand elle part vendre ses cartes à dautres promeneurs étrangers. Ses 2 frères, Raja et Shiva, 7 et 4 ans, restent sagement près de moi Il y a aussi plein dautres enfants, également vendeurs de cartes postales ou doffrandes. Arti parle aussi un peu le japonais ! En fait, il y a autant de Nippons à Varanasi quà Paris!
Je la quitte un peu avant la tombée de la nuit Je marrête sur le ghat de crémation en bas de mon hôtel Il ny a que 5 bûchers en flamme et deux cadavres en attente du feu salvateur Les nombreux Indiens venus accompagner les défunts dans leur dernier voyage sont accroupis autour des foyers. Silencieux Méditatifs Eux aussi finiront sur quelques bûches Je monte sur le toit de mon hôtel afin de savoir si Rama parvient à sauver Sita des griffes de lodieux Ravana
26/12/02
Lieu : Varanasi
Pas bien le moral aujourdhui Après les mutilés dHaridwar et les morts de Bénarès, je traverse cette période de fêtes avec de bien sombres pensées Même Arti me la confirmé ce soir Je fais la « gueule » ! Dès le réveil, jai senti que cela nallait pas bien. Trop de brouillard. Je suis resté toute la matinée sur la terrasse de mon hôtel ! Jai joué aux cartes avec le patron, bouquiné, regardé les morts partir en fumée et bu quelques chai
![]() Fort de Ram Nagar |
Je ne me suis décidé à sortir quen début de journée Belle balade à pieds jusquau Fort de Ram Nagar sur lautre rive du fleuve. Un pont flottant dau moins 200 mètres permet de traverser le Gange. Avant dy accéder il faut descendre le Gange sur quelques kilomètres, et on sort des escaliers de pierre. Les berges consistent alors en une butte de terre. On se retrouve rapidement au milieu des chiottes du quartier et il faut faire attention où on met les pieds Je massois quelques instants dans un coin isolé et encore « propre » Et sIls avaient raison ? - on commence à se poser ce genre de questions et on finit avec la barbe et le collier de fleurs - . Non ici en Inde, ce nest finalement pas important quIls aient tort ou raison Ce qui est important, cest quIls y croient |
Nos sociétés occidentales se sont partiellement affranchies de toute idéologie religieuse. Ici la religion, au sens large du terme, incluant rites, coutumes voire traditions, dicte les actes, les paroles et les pensées de 80 % de la population ! Et ce nest finalement pas plus mal « La religion, cest la nourriture des pauvres », comme la sûrement dit quelquun avant moi. Sans cette ferveur religieuse, qui justifie clairement les inégalités sociales, nul doute que les 1 350 000 pauvres demanderaient des comptes aux 50 000 riches du pays Sans le poids des traditions, qui depuis la nuit des temps interdit les relations sexuelles hors mariage, quel serait limpact du Sida sur une telle population ? (Je ne suis pas dupe, il doit y en avoir pas mal malgré tout ). Même les petits escrocs et les marchands requins essaieront de vous rouler dans la farine sans dévier dun pouce des lois du Dharma ! Jai discuté de tout cela avec un instituteur cet après-midi. Les instits sont aussi en vacances jusquau 2 janvier Noël (Christmas) est également célébré en Inde ! (Je pense quil faudrait tenir compte des fêtes hindoues dans notre propre calendrier scolaire !). Jai aussi joué au badminton avec des gamins avant de visiter le musée du Fort Cest à la mesure des 7 Rs demandées à lentrée.
Le Soleil perce enfin la brume Il doit être plus de 15h00 Dans 3 heures il fait déjà nuit En traversant de nouveau le pont, je découvre deux cadavres pris dans les cordages. Une vache et un humain Je suis retourné à pieds jusque mon hôtel. Je traverse les mêmes quartiers embrumés de ce matin. Je suis seul Je suis létranger Jai finalement retrouvé Arti sur les ghats et on a un peu discuté en buvant un mini chai dans des tasses en terre quon balance après usage A la nuit tombante, je suis monté manger une assiette de riz et puis je suis passé aux nouvelles La connexion nest pas très rapide et jy ai passé plus de 2 heures ! Enfin tout a lair davoir fonctionné |
![]() Arti et ses frères |
27/12/02
Lieu : Varanasi
![]() Tap ! Tap ! Tap!... |
Retour du Soleil ! Derrière une brume légère Tout de même Je me lève vers 7h30, en fait dès que je maperçois que le Soleil est là En 10 minutes je suis en bas sur les ghats Cette fois je remonte les berges Gymnastique matinale pour les uns, corvée de linges pour dautres, yoga pour certains, balayage et nettoyage pour dautres Il y a aussi tout plein denfants qui jouent avec des cerfs-volants, des jeunes qui jouent au cricket, des masseurs, des loueurs de bateaux, des marchands doffrandes, des dealers (du haschich à lhéroïne, en passant par des substances étranges dont javais encore jamais entendu parler), des vendeurs de lait accompagnés de leurs troupeaux de buffles, des mendiants, des curieux, des touristes, des pèlerins Et puis il y a le Gange, sur lequel circulent de nombreuses barques. Quelques rares pêcheurs et des promeneurs de touristes essentiellement. Tout est encore très calme cependant Les rabatteurs et vendeurs à la sauvette ne sont pas encore trop pressant. |
Je discute plus dune heure avec un jeune. Il possède une barque et promène le touriste, même si lessentiel de ses revenus provient de la revente de drogues Il me parle de la fameuse Khumba Mela, la grande réunion de Sadhus (des vrais !) qui a lieu tous les 12 ans ici. On boit un chai. Je retrouve un peintre anglais, déjà rencontré à Jaisalmer ! Cela fait 13 ans quil vient peindre en Inde 6 mois de lannée ! En fait, il a ses habitudes et tout le monde le connaît ! Je continue finalement ma promenade Je me retrouve à proximité du ghat de crémation principal, le Manikarnika Ghat Bon, cette fois je suis bien décidé à prendre des photos. La première fois, la mafia locale a souhaité me faire payer 300 Rs la photo ! La mafia locale, ce sont ceux qui soccupent des bûchers De la vente du bois à la mise en urne des cendres Il y a une entente tacite entre les policiers et ces corbeaux qui vivent de la mort Il paraît que lhomme le plus riche de la ville est un revendeur de bois Bref, dans limpossibilité de prendre des photos ouvertement, jai découpé un petit sac (merci Hélène !) afin de ne laisser dépasser que lobjectif Jai même peint en noir les inscriptions sur lobjectif pour une totale discrétion ! Je prends quelques photos De loin Je vais ensuite faire un tour derrière le ghat, là où tout le bois est entassé. Un homme se retourne juste devant moi et maborde Il a tout vu ! Je suis entre les griffes de la mafia ! Le corbeau a des petits yeux méchants Il me parle dun Israélien qui a dû payer 4 000 Rs hier pour avoir pris des photos Il veut memmener dans son bureau Je mexcuse pour les photos et refuse de le suivre où que ce soit Le ton monte Il se met à rameuter ses collègues Et puis fort heureusement pour moi, un Indien est venu à ma rescousse Un chic type du Kerala, ancien navigateur Il ma entendu mexcuser et cela lui suffit Cest du moins ce quil me dira plus tard, autour dun chai Bref, il hausse le ton à son tour et renvoie le corbeau à son travail ! Voyant que le ton monte encore dun cran, jessaie de calmer tout le monde Mais tout finira très vite Il nexiste aucune loi qui interdise de prendre des photos des crémations Partout où cela est interdit, cela est clairement écrit Le corbeau séloigne Je remercie mon sauveur et linvite à boire le thé Cest finalement lui qui se confond en excuse ! Pour tous les agissements malhonnêtes de ses compatriotes ! Et cest lui qui insiste pour me payer le chai ! Il a 63 ans « Richement » et proprement habillé. Il nest pas marié ! Il passe maintenant son temps à voyager et cest la première fois quil vient à Varanasi
![]() Au hasard des rues... |
On en vient à parler culture, traditions, et bien
sûr religion
Cest son interprétation qui me semble
la plus censée de toutes celles que jai entendues à ce
jour
Loin de lidolâtrie des uns ou de la certitude
des autres
LHindouisme faisant sienne toutes les
philosophies et religions, nul doute que chacun peut y trouver ce
quil y recherche ! Je ne me souviens même plus de son nom
En fait, jai la fâcheuse tendance à oublier rapidement lidentité
de tous ceux et celles que je croise
Il faudrait que je
prenne des notes ! Je crois pourtant que ce qui fera la richesse
de mon voyage, ce sera les rencontres fortuites avec de telles
personnes
Je poursuis finalement ma route le long des ghats Jusquau dernier Puis retour ce soir par le même chemin (je ne me suis pas arrêté cette fois au Manikarnika Ghat !) Jai retrouvé Arti pour ma leçon dhindi Mais je ne mavère pas être un élève brillant Je sais à peine compter jusquà 10 Demain, si le temps persiste au beau, jirai faire un tour à Sarnath A seulement 13 kilomètres dici |
28/12/02
Lieu : Varanasi
![]() Stupa géant |
Sarnath est un lieu saint du bouddhisme Cest ici que se trouve le « parc aux cerfs », le lieu où lEveillé tint son premier sermon. On y trouve les ruines de sanctuaires et temples bouddhistes, tous rasés par les Moghols Il y a aussi un mini-zoo, avec bien sûr des cerfs ! Un grand stupa, un temple, un Ficus Religiosa, petit-fils de celui de Bodhgaya, des touristes indiens et étrangers, et un nombre important de moines et de Tibétains Le tout est situé dans de grands parcs bien entretenus avec pelouses, petites fleurs, ruisseaux et lotus ! Et puis il y a un musée archéologique Le tout appartient à la plus importante association bouddhiste indienne Jarrive vers 10h00 sur place 2 heures pour faire 13 km Jai pris un rickshaw, un bus et un « tempo » (rickshaw collectif). La circulation est vraiment catastrophique ici. Cest pire quà Delhi Enfin pas aux heures de pointes ! J'aurais pu y aller à pieds aussi rapidement Je passe la matinée dans les ruines Il ne reste vraiment pas grand chose Le lieu est cependant super important pour les Bouddhistes Dans le musée, ils passent devant chaque statue et frottent leurs amulettes Des pèlerins tournent autour du stupa géant, certains en effectuant de grandes prosternations. Dautres, sur la pelouse autour de moi récitent ou chantent des prières et des mantras. Cest vraiment agréable de se poser ici |
Surtout après la cohue incessante et le bruit infernal de Bénarès. Le coin est touristique et je trouve un petit restaurant
Un peu plus tard, je visite le temple de Bouddha Et jy retrouve mon « sauveur » dhier ! Il sappelle Sivadas (le serviteur de Shiva !) Il a lair plutôt content de me retrouver Moi aussi Le monde nest vraiment pas si grand On passe le reste de la journée ensemble On fait un tour de lArbre Sacré et on visite le musée. En fait on a surtout passé la journée à discuter. Du Ramayana, de la Gita, de Darwin (lui aussi !), de dieux et de Dieu, de déesses et de La Déesse, de la société indienne, de sexe Et je tiens à ajouter quil était le seul à ce jour à ne pas avoir abordé le sujet ! , de Bouddha, de Tantrisme, de Guru, de lego, de ses voyages Et surtout des castes, car cest le sujet qui mintéresse plus particulièrement en ce moment Ce voyageur de 63 ans possède une culture solide et une curiosité illimitée à légard de ce qui lentoure On boit quelques chai Et on finit par rentrer ensemble à Varanasi. Il comprend que ce nest pas facile de voyager pour un étranger Quand les chauffeurs de rickshaw voient quil est accompagné par un étranger moi, en loccurrence -, ils doublent les prix ! On finit par prendre des rickshaws collectifs et on se retrouve sur les ghats en moins dune heure On finira par se séparer Il a presque les larmes aux yeux ! Sacré Bonhomme | ![]() Bouddha |
Je finis ma journée sur les ghats avant de rejoindre mon hôtel où japprends que cela ne va pas être facile de rejoindre Gaya
Ce soir il y avait 6 bûchers et 1 corps en attente Un gamin profitait de lair chaud dégagé par lun des feux pour faire voler son cerf-volant. Un peu plus loin, des gamines trient la cendre pour ramasser déventuels restes de bijoux en or. Dautres enfants récupèrent le bois qui peut encore brûler. Autour des bûchers, les hommes restent immobiles, assis, silencieux, méditatifs Moi-même je finis par contempler ce macabre spectacle avec un certain détachement
Il me reste 4 jours avant le Gand Rendez-Vous Jai encore le temps
Dimanche 29/12/02
Lieu : Varanasi
Belle journée ensoleillée aujourdhui La plus belle depuis mon arrivée ici. Cest la première fois que jarrive à distinguer les deux ponts à chaque extrémité de la ville. Rien de prévu pour aujourdhui Tout va bien.
Je descends sur les ghats après avoir bu un pot de chai sur la terrasse de mon hôtel ! Je retrouve Arti un peu plus loin, déjà à pieds duvre, elle accroche les touristes Son frère Raja est avec elle. Je leur propose daller faire un tour en barque Jenvoie Arti demander la permission à sa mère. Un quart dheure plus tard on est sur le Gange, dans la barque dune relation dArti Les ghats vus du Fleuve, sous cette lumière matinale, sont à la mesure de la renommée de la ville Cest vraiment top classe ! Top classieux même ! On débarque sur lautre rive (inhabitée car fréquemment inondée). On boit un chai dans le seul dhaba installé de ce côté et on part se balader.
![]() Sur lautre rive... |
Arti et son frère nétaient encore jamais allés aussi loin Evidemment, on est pas tout seul Il y a bien une cinquantaine de touristes indiens et une multitude dadolescents qui récupèrent les cerfs-volant. Au retour, je prends les avirons La barque est grande, lourde On est à contre courant et à contre vent Je ne fais pas le malin ! Et je laisse faire le professionnel sous prétexte de prendre quelques photos Arti voudra également essayer, mais là cest carrément la galère. Quant à son petit frère, il est super content car on a ramassé un cerf-volant Jessaie daider Arti à vendre ses cartes postales en accostant les touristes. Je branche un Japonais, Sato, qui loge dans le même hôtel Je lui offre le chai à condition quil achète au moins 1 carte postale à Arti Odieux chantage auquel le Nippon me répondra dun joyeux rire débridé ! Laffaire est faite ! |
Un peu plus tard, je retrouverai le sympathique Sato pour un combat de cerf-volant depuis la terrasse de notre hôtel Les cuisiniers, les serveurs, le gérant, et tous les Indiens de passage viendront nous donner quelques leçons
Je ne suis pas encore très doué (Jai perdu 7 cerfs-volant dans la journée) mais je suis déjà converti ! En fait, les Indiens ne se contentent pas de faire voler leurs cerfs-volant, il sagit également dabattre, voire de capturer les cerfs-volants qui passent à portée Aujourdhui cest dimanche et il y a bien une centaine de patangs dans le ciel de Varanasi. Certains parviennent à maintenir leurs cerfs-volant à plus de 200 mètres, au-dessus de la rive déserte. Mais pour la grande majorité dentre eux, cest la guerre ! Il faut être très vigilant Lennemi peut fondre sur votre fil de nimporte quelle direction Le Japonais (descendant de Kamikaze ?) se montre beaucoup plus habile que moi Mais pour aujourdhui, les indiens sont les maîtres des airs En milieu daprès-midi, un jeune couple de Suisses se sont joints à nous. En fin de journée, il y avait 6 cerfs-volant qui partaient de notre terrasse 1 français, 1 nippon, 2 suisses et 2 indiens Seulement 1 quart dheure à peine après le début des hostilités, il ny avait plus que le japonais qui résistaient encore aux assauts combinés des 2 indiens !
Jai rejoint Arti avant la nuit afin de lui donner le « Ramayana » et de boire un dernier chai avec elle Pour aujourdhui
Demain, je suis encore à Varanasi Jespère partir à 16h00 pour Gaya en train Plus que 3 jours avant la Révélation ?!
30/12/02
Lieu : Varanasi / Gaya
J 2 Journée dans un brouillard épais Javais prévu de naviguer sur le Gange au lever du Soleil avec Arti et ses frères. Le Soleil na même pas daigné apparaître avant 10h00 et encore tellement voilé quon le discernait à peine ! En fait on avait du mal à y voir à plus de 50 mètres Jai profité de cette dernière journée pour une fois de plus me rendre sur les ghats. Retrouver Arti, boire quelques chai, observer la vie en méditant face au Gange A 15h30, je récupère enfin mon billet de train ! Cest une sur-réservation Je risque de ne pas trouver de place assise. Ce nest pas grave, le voyage ne dure que 5 heures, départ à 16h30, cela devrait vite se passer |
![]() Sur les ghats... |
16h25 Sur le quai n°6, il y a bien un train Mais ce nest pas le mien Vu le monde quil y a dans la gare, il nest pas possible daccéder aux comptoirs Jai trouvé le N° du quai sur un panneau daffichage en hindi grâce au numéro du train, le 3010 Je me renseigne autour de moi Avec mes sacs, ce nest même pas la peine que jenvisage de retourner dans la gare Je suis sur le bon quai, mais le train a du retard Jachète quelques cacahuètes Je ne peux pas quitter mes sacs des yeux et lattente se prolonge. Les annonces officielles de la gare se succèdent Le train N° 5463, en provenance dAmritsar, (arrivée prévue 18H05), arrivera en retard. Son entrée en gare se fera sur le quai N°9 (initialement prévue quai 5) à 2h27 a.m. Celui que jai pris pour venir de Varanasi arrivera aussi à plus de minuit Je suis épaté par la ponctualité du 2h27 a.m., car si la SNCI était capable de prévoir des arrivées avec autant de précision, je ne serai certainement pas sur ce quai à attendre mon train. Régulièrement, jinterroge mes voisins Tous le confirment, mon train est en retard Certains me font signe découter les annonces Mais le train N° 3010 à destination de Calcutta nest jamais mentionné Pourtant il y en a bien une dizaine Parfois ceux qui me renseignent attendent même les annonces avec moi Mais je reste sans nouvelle officielle
Finalement deux jumeaux américains débarquent sur le quai. Ils attendent aussi le train pour Calcutta où ils désirent se rendre. Ils viennent davoir les informations à la gare, le train narrivera pas avant 19h00 Un autre touriste se joint à nous Il est canadien dorigine indienne, mais il ne parle que langlais Il nous propose daller nous asseoir plus loin sur une caisse (cest toujours mieux que sur nos sacs sur le quai) On retrouve Benoît, un autre canadien qui parle avec un super accent canadien le français ! Il est de Québec ! Tous ont déjà vécu une expérience de méditation vipassana. Les jumeaux américains la pratiqueraient même depuis 5 ans. Langlo-canadien en serait à son niveau 2 de Reishi (travail sur lénergie corporelle par application des mains) et Benoît à plus ou moins découvert la méditation il y a 2 mois, à Mc Leod Ganj ! | ![]() Sur les quais... |
Ils parlent entre eux en américain de leurs diverses expériences Je ne capte pas encore grand chose Mais je préfère encore me taire même si je mintéresse de près au sujet. En fait je ne comprends vraiment bien que Benoît qui se complaît à parler anglais avec un terrible accent français ! Et je suis persuadé quil ne le fait même pas exprès pour moi !
La nuit tombe Des rats courent sur les voies et même sur les quais entre nos sacs
Toujours pas de train Les jumeaux américains ont des places réservées. Les Canadiens et moi avons des places en liste dattente. Le train est annoncé en hindi et pas en anglais ! Cest le seul à ne pas être traduit ! Merci à lun des jumeaux qui baragouine un peu la langue Le train arrive Nos billets ne mentionnent même pas un numéro de wagon Le train est comble On se dirige vers les premières classe, doù on se fait refouler proprement avec nos billets à 100 Rs ! Et même pas par les contrôleurs ! Par les voyageurs qui ne veulent pas que lon squatte leurs couloirs En 1ère aussi, cest plein ! On parcoure le train, moitié sur le quai, moitié à traverser les wagons à la recherche dune petite place. Pour être franc, il ny a même pas la place pour que je puisse déposer mon sac ! Tous les lits sont déjà déployés et les bagages occupent les moindres espaces On a du mal à circuler avec nos sacs On croise des vendeurs de tout Du chai, des en-cas, des jouets, des colliers, des chaussures, des fruits, des livres De tout On tombe sur nos jumeaux américains Ils occupent un compartiment avec une famille de Tibétains Chacun se sert un peu Et on arrive à y loger nos sacs et nos carcasses ! Joccupe la couchette supérieure, avec langlo-canadien, 2 valises et 3 sacs à dos Quand les Tibétains ont voulu se coucher, les Américains sont allé sasseoir entre les wagons Compassion Je vous passe les détails du voyage ça serait beaucoup trop long On essaye tous de dormir comme on peut, vautrer sur nos sacs, coincé par le plafond
On arrive à Gaya à 3h00 du matin Les jumeaux retrouvent enfin leurs couchettes ! Devant la gare, on trouve encore tout un tas de dhabas encore ouverts On cherche vainement un hôtel en saidant des guides Tout est fermé ou bien le veilleur ne souhaite même pas se lever On finit par se retrouver dans une espèce de « chambre » pour terminer la nuit