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Chapitre 3 (2/3)

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(du 17/12 au 22/12)

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17/12/02

Lieu : Haridwar (Uttaranchal)

Je traverse Pahar Ganj en rickshaw pour rejoindre la gare. Il n’est que 6h30 et il fait encore nuit. Tous les 30 mètres des Indiens ont allumé des petits braseros à même le sol afin de se réchauffer… et de brûler les ordures et déchets.

6h45… J’arrive sur le quai 12 d’où est censé partir mon train. Celui qui s’y trouve est à destination d’Amritsar, à l’opposé de ma destination. Je me renseigne… C’est le bon quai, mais mon train se situe en tête. Je parviens à rejoindre mon wagon, y trouve mon nom (mal orthographié) sur la liste et ai juste le temps de m’installer. Train de luxe… Place réservée, double vitrage, fauteuils inclinables et confortables, air climatisé et ventilateur (inutiles en hiver !) et repas à bord. Le train part à l’heure ! Fait suffisamment rare pour être signalé ! On quitte donc Delhi à 7h00 pile…

Le jour se lève… On sort de Delhi en traversant les quartiers sordides de tous les pauvres qui ont élu domicile de part et d’autre des voies ferrées. Bidonville sombre et triste, comme il en existe dans toutes les grandes villes des pays soi-disant en voie de développement… Sitôt hors de l’agglomération, la campagne environnante baigne dans un halo de brouillard dense qui tapisse le sol.

7h15… Passage du contrôleur…

7h30… Première collation : 2 « tea kit » (sachet de thé, sucre et lait en poudre), ainsi que 2 gâteaux secs, 2 bonbons et un petit thermos individuel d’eau chaude. Musique de fond et petits cafards… Dehors, le ciel commence à se teinter de bleu mais la brume épaisse continue de stagner à hauteur du sol. Magie du voyage… Je retrouve le sourire… Je rends hommage à la Vie et vous adresse mes plus tendres pensées avant de me plonger dans mes nouveaux livres…

8h30… Petit déjeuner… Encore 2 « tea kit », 2 tranches de pain de mie, de la confiture, du beurre et 1 plat chaud de pakora, frites et petits pois…

9h30… La brume commence seulement à se dissiper… Les paysages traversés n’ont plus rien à voir avec les déserts arides du Rajasthan. Ici, tout est vert : plantations de cannes à sucre et maïs, rizières et potagers alternent avec de maigres zones forestières. On s’arrête dans les villages importants… Je descends sur les quais pour ressentir l’ambiance qui sévit dans les gares… Ce sont des lieux que j’aime… Synonyme de départ…

11h45… Arrivée à Haridwar. Il ne fait pas très chaud et le brouillard enveloppe encore la campagne environnante. Je m’énerve un peu contre un pauvre conducteur de rickshaw qui me réclame 50 Rs pour m’emmener dans un hôtel à proximité du Gange… Un Indien paierait 5 Rs pour le même trajet aller-retour !

Me voici maintenant dans ma nouvelle chambre… Pas si mal… Spatieuse et lumineuse, lit-double, salle de bain, télévision toute neuve et téléphone… L’hôtel, un peu vieillot ne figure dans aucun guide… 250 Rs, sans discussion… Accueil plutôt chaleureux… Pour la première fois j’ai eu droit à la traditionnelle tasse de thé ! Le garçon d’étage, qui ne parle pas 10 mots d’anglais, parvient à me faire comprendre que je dois fermer les fenêtres en sortant… à cause des singes !

Sous ma fenêtre, le Gange s’écoule rapidement. Sur les marches qui le bordent, j’assiste au spectacle des gens qui se baignent et qui en profitent pour nettoyer leurs vêtements. Il fait frais et je devine que l’eau doit être glaciale ! Les eaux bleues du Gange sont assez propres et le fort courant ne charrie que quelques déchets et offrandes en provenance d’Har-Ki-Pairi. Un masseur se tient également sous ma fenêtre… Des enfants experts dans l’art de manier leurs « patangs » (cerfs-volants)… Un laitier venu rincer ses pots… Quelques sadhus (?), mendiants et singes… Mon hôtel, le « Bhagwati Niwas », est situé près d’un des ponts qui enjambent le fleuve sacré. Du parapet, des Indiens repêchent ce qui peut avoir de la valeur à l’aide d’un filet… Pêche miraculeuse ?

Haridwar est une des 7 villes les plus sacrées de l’Inde. Elle se situe à l’endroit où le Gange quitte les montagnes de l’Himalaya pour s’écouler dans la plaine. L’endroit précis se nomme Har-Ki-Pairi (l’empreinte de Dieu, Vishnu en l’occurrence) et se situe au nord de la ville, vers l’amont. Je vais m’y rendre sans tarder…

Pêche miraculeuse ?

Pêche miraculeuse ?

Quel spectacle ! Cette ville me plaît… Authentique et mystique… Loin de Pushkar, de Mc Leod Ganj ou même de Delhi… Pas de véhicule ! Beaucoup de monde, certes, mais des Indiens à 99%… Pas de touriste… Je suppose qu’ils sont tous à Rishikesh… A moins de 30 km… Je sens que je ne ferai même pas le voyage !

La ville se compose de rues plus ou moins commerçantes (plutôt plus que moins !) parallèles au fleuve. On y trouve de quoi allécher les pèlerins les plus réticents… Toutes les marchandises « touristiques » auxquelles viennent s’ajouter toutes les offrandes possibles. Il suffit de déambuler sur les ghats ou de s’asseoir pour quelques chai pour se laisser emporter par la ferveur du lieu. Spectacle permanent assuré… Je vais rester ici quelques jours… J’aurai le temps de vous en dire plus…

 

18/12/02

Lieu : Haridwar

7h30… Je me lève avec le Soleil… Ma montre a sonné il y a plus d’une heure mais j’ai préféré rester au chaud sous ma couette… J’ouvre ma fenêtre. Il fait froid. Je commande un seau d’eau chaude (en provenance du Gange ?) et mon p’tit déjeuner. En attendant je contemple les Flots Sacrés et je me laisse emporter par sa mélodie éternelle.  Les ghats sont encore très calmes. J’assiste à l’installation des premiers vendeurs d’offrandes et au bain du premier pèlerin. Il se contentera d’une rapide immersion… 8h30… La chaleur du Soleil inonde maintenant ma chambre… Il est temps d’aller faire un tour. Je remonte la rue principale en direction de la gare. Je retrouve la circulation infernale des rues indiennes…

A la gare, je trouve les renseignements utiles pour mon prochain départ… Retour dans le quartier piétonnier d’Har-Ki-Pairi. Je croise un défilé musical. Un éléphant maquillé ouvre la marche, suivi par des chevaux parés de brillantes broderies colorées.  Derrière, de nombreux orchestre se succèdent (une dizaine), séparés par les tracteurs qui tirent des plates forme où trônent des statues, les des principaux Dieux… Ganesh en tête, suivi de Shiva, Hanuman, le Dieu singe et un Démon (asura). Ce défilé doit être à l’honneur d’un guru local (?) dont des fidèles distribuent le portrait. Les orchestres sont composés d’une vingtaine de cuivres, tuba, trompettes, trombones et clairons, de quelques tambours et percussions. Les mélodies sont enjouées et les musiciens s’éclatent !…

Les mendiants occupent les bords du Fleuve...

12h00… Har-Ki-Pairi… Le Soleil tape dur maintenant… Je me suis installé sur une terrasse… Pause chai… J’en bois 3 d’affilée, au bon souvenir de Mit’ch et d’Hélène… J’assiste au défilé des pèlerins, curieux et sadhus… Tout le long du ghat, des vendeurs de colifichets ont étalé leurs marchandises, installés entre 2 mendiants. Les mendiants sont légions ici… Certains d’entre eux présentent des infirmités dignes des meilleurs films d’épouvante… L’un a le corps couvert d’énormes pustules. Un manchot dessine avec son pied le portrait de Vishnu. La plupart sont unijambistes ou affublés de différents handicaps physiques… Brûlures, cécité, malformation de naissance, maladies de peau, séquelles de polio… Il y a également un nombre important de pseudo-sadhu… La plupart restent assis et se contentent de tendre la main ou leur obole. D’autres se déplacent comme ils peuvent, sur des planches à roulettes ou en se traînant lamentablement…

Comme par hasard, ce sont les « bien-portants » qui viennent me demander un chai ou quelques pièces… Je les ignore… J’ai déjà donné à ceux qui me paraissaient être les plus nécessiteux… Le dessinateur manchot m’a demandé 100 Rs pour une photo… Tant pis pour la photo… Je lui refile 50 Rs… Je m’amuse de voir les nantis indiens se faire accoster par les mendiants. Certains se montrent trop insistants et j’assiste à quelques prises de bec… Sitôt qu’un commerçant ou dévot fait mine de leur donner quelque chose, c’est la ruée !… Pas de quartier !… On se bouscule et on s’arrache la bouffe !

Questions colifichets et souvenirs, on trouve un peu de tout : des colliers, des bangles (bracelets colorés) et des bijoux, des images pieuses de toutes tailles, encadrées on non, sous verre ou non, sous forme de calendrier, de tableaux ou de décoration kitch avec les petites lumières rouges qui clignotent… On trouve aussi des coquillages, de l’orfèvrerie, des chaussures, des vêtements, des montres, de quoi se tatouer mains et pieds, des récipients en plastique pour ramener de l’eau du Gange à la maison, des pâtisseries, des jouets et bien sûr des offrandes… Beaucoup d’offrandes : du riz soufflé, des fleurs, des noix de coco, de la poudre rouge, des paniers flottants tout prêt à rejoindre le Gange garnis avec des fleurs, de l’encens et des mèches-bougies.

Les pèlerins défilent, cibles des marchands, mendiants et Brahmanes en quête de puja… Finalement, je suis même plus tranquille qu’eux… Seul et unique occidental présent ce jour (?)…

J’ai passé le début d’après-midi en bas de mon hôtel sur les ghats. J’ai bouquiné un peu et surtout, j’ai profité du tableau…

J’ai failli retourner sur Har-Ki-Pairi pour la cérémonie du soir, mais je me suis fait arrêter en chemin par un échiquier… Un seul grand échiquier… 10 joueurs réunis autour et chacun y va de son conseil… Bonjour l’ambiance… Plutôt bruyant et énervant pour les deux véritables adversaires… Lorsque je fus invité à jouer, silence de mort… J’entendais les mouches tourner autour des culs des vaches… Y’avait même des taureaux… J’ai encore perdu ! J’ai cru comprendre qu’ils attaquaient à 3h00 p.m. Revanche assurée dès demain… J’ai regardé quelques parties…

Mais avant ma leçon, j’irai faire un tour dans les temples sur les collines avoisinantes…

19/12/02

Lieu : Haridwar

Ciel couvert et température très fraîche ce matin. J’en profite pour rester au lit jusqu’à 8h00… Ce doit être ma plus longue nuit depuis que je suis arrivé en Inde ! Je me suis couché à 21h30 hier soir… Il est maintenant 9h00… Encore trop froid pour gravir le kilomètre et demi de marches qui me sépare du Mansa Devi Temple… Je commande un chai et un seau d’eau chaude…

Je finirai par m’y rendre un peu plus tard… Par le télésiège ! Cela me permet d’ailleurs d’éviter la bonne centaine de marchands d’offrandes installés sur les marches… Sans parler des pseudo sadhus, en quête de touristes occidentaux crédules, et de ceux qui sous prétexte de déguisements exotiques cherchent à m’extirper quelques roupies… Je fais rapidement le tour des lieux avant de visiter le temple. Beaucoup de singes et vue superbe sur Haridwar et la vallée du Gange…

Haridwar...

Le Mansa Devi Temple est dédié à … en fait j’en sais trop rien… Personne n’a été capable de me dire qui était la divinité principale du temple… Et pourtant j’ai bien demandé et beaucoup parlait anglais ! J’ai dû racheter des bouquins… Toujours sur l’Hindouisme… Je ne vais pas m’attarder sur le sujet, j’écris un autre texte sur la religion en Inde…

Toujours est-il que le temple est sympa… Et y’a beaucoup de pèlerins… Les rites sont toujours un peu bizarre… Ici on accroche des bouts de ficelle aux branches d’un arbre sacré… Cela est censé assurer la réalisation d’un vœu…

Je suis redescendu ensuite dans la ville. J’avais prévu la visite d’autres temples mais je me suis laissé happer par le spectacle des ghats à proximité d’Har-Ki-Pairi.

J’assiste à la distribution de victuailles aux mendiants. Il n’est pas rare de voir des Indiens distribués bananes et chapatis aux nombreux quêteurs… Afin d’éviter les bousculades, on peut faire appel aux professionnels… Les marchands environnants ont trouvé la combine… Ceux qui veulent nourrir les « affamés » paient directement les patrons de dhabas qui se chargent de distribuer les repas. Ils ont l’habitude et demandent rudement aux mendiants de s’asseoir en ligne… Cela m’a l’air plutôt onéreux cependant… Près de 200 Rs pour un vingtaine de chapatis et un peu de sauce… L’heureux donateur aura cependant le privilège de servir la dite sauce !… Et comme il n’y en aura bien sûr pas pour tout le monde, il faut remettre ça ! Encore 200 Rs… Je me contenterai d’offrir le chai à un mendiant assis devant moi et qui refuse dorénavant les chapatis ! Gavé ! Les vaches se chargent de nettoyer les restes, allant parfois jusqu’à plonger leurs museaux au fond des poubelles pivotantes… Trop grasses, elles ont parfois du mal à se mouvoir et les aigles pêcheurs leur raflent parfois les chapatis sous les naseaux !

Je me laisse aborder par un sadhu (?) qui parle pas trop mal anglais… Il a 23 ans et en paraît 10 de plus, au moins… Après les traditionnelles questions d’usage, il me parle un peu de sa vie errante de sadhu. Avant il travaillait pour la SNCI… Son Gourou est quelque part aux Etats-Unis, du côté de San Diego ! Sa mère était Bouddhiste, son père Hindou. On parle des faux sadhus, de religion, de son renoncement… Je lui sors mes bouquins… Il est capable de me réciter la Bhagavad Gita par cœur ! 20 000 versets en sanskrit ! Il m’apprend également qu’il mourra en 2012… Je lui réponds qu’il sera encore jeune et que la vie est belle ! Il rigole !

Je le quitte pour mon rendez vous échiquéen… Une dizaine de curieux étaient regroupés autour de nous, tendant l’oreille…

J’ai encore lamentablement perdu aujourd’hui… Une seule petite victoire pour 3 défaites… J’ai également appris à jouer aux échecs à l’indienne. C’est presque pareil… Contre moi, mes adversaires appliquent cependant les règles internationales, ce qui ne les empêchent pas de me mater !

20/12/02

Lieu : Haridwar

Ciel bleu ce matin et température clémente… Je traverse Har-Ki-Pairi, où je discute avec un jeune homme de 27 ans, plutôt issu de la « haute société ». Il joue les curieux lui aussi et contemple le spectacle des bains ou de la dissémination des cendres. Il qualifie tous ces rituels de superstition. Il est commerçant à Amritsar… Il a tout quitté, famille, petite amie, travail, pour venir se changer les idées ici. Sa petite amie est une prostituée et cela lui pose d’importants problèmes de conscience… Notamment par rapport aux jugements portés par sa famille… Je me dirige ensuite en dehors de la ville dans la direction de Rishikesh en remontant le Gange. Je visite un petit musée de statues plutôt kitch. Juste à côté une foule de sadhus (?) sagement alignés reçoivent les offrandes de pèlerins : nourriture et argent. Une femme distribue à chacun un billet de 5 Rs… Elle en a une liasse épaisse. Des billets tout neufs…

Je me promène le long des ghats… Parfois, je fais une pause pour boire un chai et bouquiner un peu… Le plus souvent je me contente de regarder…

Mais Har-Ki-Pairi n’est pas le lieu idéal pour celui qui souhaite un peu de tranquillité… Retour dans le quartier de mon hôtel. Les ghats sont moins parcourus et je trouve un petit coin pour lire.

En fin d’après-midi, je retrouve mes joueurs d’échec… 4 victoires, 1 défaite, 1 nul… Et en jouant avec les règles indiennes ! Je suis super content… Et en plus cela me permet de rencontrer des Indiens qui ne sont pas uniquement intéressés par mon porte-monnaie… On discute et on boit quelques chai. Les sujets de conversation tournent toujours autour de la famille et du sexe… Pour ma part, j’essaie toujours d’en apprendre davantage au sujet de leur mythologie et de leurs rites… Mais ce ne sont pas des spécialistes…

Parties acharnées...

17h30… Une cérémonie quotidienne se tient à Har-Ki-Pairi. Le « Ganga Aarti », ou adoration du Fleuve. Les nombreux pèlerins sont étroitement encadrés par les « gardes officiels » du site. Je ne comprends rien à ce qu’ils disent mais de temps à autres, les pèlerins lèvent les bras au ciel en criant leur joie ! Les pèlerins sont regroupés sur les marches, prêts à offrir au Fleuve Sacré leurs offrandes illuminées. Quelques Brahmanes exécutent une sorte de danse avec de grands braseros, suivant le rythme lancinant des cloches et des gongs. Puis tout le monde reprend une chanson en chœur…. Les lampes finissent à l’eau et tout le monde repart de son côté… L’Eau, le Feu, la Terre, l’Air et l’Espace…

Bon j’ai finalement fait le tour de la ville… Avant de rejoindre Varanasi (Bénarès), je vais quand même faire un saut à Rishikesh…

21/12/02

Lieu : Haridwar

Réveil avec le Soleil… Toilette rapide et cap sur Rishikesh. 27 km… Bus… 15 Rs… 1 heure… Et déception au bout de la route… A moins de ne pas avoir su trouver les centres d’intérêt ou d’être arrivé trop tôt… En tous cas, rien à voir avec la ferveur religieuse d’Haridwar. A Rishikesh, le Gange n’est pas canalisé et il n’y a pas beaucoup d’eau. Le lit du Fleuve est à moitié rempli et ses affluents complètement à sec… Autant dire que les marches des ghats se trouvent à plus de 50 mètres des flots ! Je passe la matinée à parcourir la ville en longeant les berges couvertes de galets. Quelques vaches… Quelques groupes de baigneurs… Des enfants qui jouent au cricket… Des campements de fortunes… Quelques cochons… Des femmes qui font leur lessive… Et bien sûr tout un tas de gens, jeunes ou vieux, hommes et femmes, riches ou pauvres, qui font leurs besoins… C’est parfois un peu gênant. Surtout quand je suis en train de prendre des photos et que je tombe sur quelqu’un les fesses à l’air…

Ce matin je suis même tombé sur un pseudo-sadhu (?)… Il m’a presque couru après en ne cessant de m’appeler… Sans doute pensait-il que j’allais lui refiler du PQ…

Retour en rickshaw collectif pour Haridwar… Même prix… 50 mn… Je passe à la gare réserver mon billet de train pour Varanasi (Bénarès)… J’accélère un peu mon voyage… J’ai rendez vous avec le Dalai Lama le 1er janvier… Départ demain soir… 20h30… Je crois que j’arrive le lendemain vers 14h00… Du délire ! Je m’offre un somptueux repas au Big Ben Restaurant… Climatisé… Sans doute le plus chic de Haridwar. 

Aucun client… Cela me change un peu de mon régime dhabas, pâtisseries et bananes. Pour les pâtisseries, j’ai quand même recraqué ce soir…

Retour à l’hôtel. Sieste pour digérer le gargantuesque repas…

Balade sur les quais aux abords d’Har-Ki-Pairi… Il doit y avoir la présence de quelques officiels… Des policiers/militaires armés de solides bâtons pressent les mendiants de dégager la place. Je me rends chez mes amis joueurs d’échecs. On a encore joué à l’Indienne… Ils se sont mis au moins à 5 contre moi… vainement… 3 parties, 3 victoires ! Et puis j’ai invité tout le monde à boire le champagne local ! Une tournée de chai ! On peut aussi le commander en théière avec 10 verres !

Et ce fut le moment de la Ganga Aarti… La nuit tombe vite… Si l’on veut en profiter, il faut se lever tôt. Je me rends ensuite à mon deuxième rendez-vous échiquéen… Là, je reste spectateur… Tous les soirs, ce sont les deux plus importants bijoutiers de la ville qui s’affrontent… Les conseils des spectateurs sont les bienvenus et les parties sont animées…

 

Ganga Aarti

Dimanche 22/12/02

Lieu : Haridwar

Dernier jour dans la ville sainte… Après le traditionnel spectacle des ablutions matinales, je rentre à l’hôtel pour boucler mes sacs… Je dois libérer la chambre pour midi…

Je me rends ensuite sur la petite place où en soirée s’affrontent les deux bijoutiers. Il y a beaucoup de monde et jusqu’alors je n’avais pas été assez curieux pour aller voir de plus près. Tout ce que j’avais vu, c’étaient les coiffeurs au bord de la place et une quinzaine de vaches grassouillettes… Les coiffeurs s’occupent des coupes pour les hommes venus verser les cendres des personnes de leur famille dans le Gange. La coupe est simple : on rase tout, sauf une petite mèche derrière le crane (juste de quoi passer à travers une bague). Un peu en retrait, ce que je n’avais pas encore vu, ce sont les cérémonies qui ont lieu afin d’honorer les défunts. Feu, encens, riz, sucre, blé, fleurs, feuilles, ficelles, eau du Gange et encore bien d’autres ingrédients sont nécessaires pour ce rituel. Les Brahmanes arrangent le tout en dessinant des diagrammes compliqués et font répéter les incantations en sanskrit aux personnes endeuillées. Il y a plus d’une vingtaine de Brahmanes en train d’opérer… Et autant de rites différents ! Pour finir, on peut même nourrir les vaches !

Je ne m’attarde pas trop, conscient d’assister à des cérémonies intimes… Si certains m’invitent à prendre des photos, d’autres me regardent de travers… Je pose néanmoins quelques questions avant de partir, mais c’est toujours le même problème de langage qui se pose…

Joueur d'échecs...

Je finis la journée à proximité d’Har-Ki-Pairi… Je ne me lasse pas du spectacle… Entre les ablutions, les aigles-pêcheurs, les chercheurs de trésor, les mendiants, les vaches, les pèlerins, les singes, les sadhus, les vendeurs de colifichets, les masseurs, les coiffeurs, les vendeurs d’offrandes et ceux qui viennent laver leur linge, il y a de quoi se poser et passer un agréable moment… Je finis bien sûr par retrouver mes joueurs d’échecs… On me reconnaît même dans la rue… « Alain ! Chess ! »… (Après James Bond, j’ai finalement opté pour le nom d’Alain – Delon ou Deloin, c’est selon -, ce qui en anglais donne Alan, que mes amis Indiens ont vite transformé en « alone »…) Cette fois encore, c’est moi qui assure le spectacle. Ils sont encore une dizaine à entourer l’échiquier… C’est pas tous les jours qu’un occidental joue aux échecs sur les ghats d’Har-Ki-Pairi… Et en plus je gagne encore…

Clou du spectacle… Comme chaque soir vers 17h30… La cérémonie collective d’adoration du Fleuve avec ses coupelles flottantes illuminées…

Je vais ensuite faire mes adieux aux deux bijoutiers et à leurs conseillers, avant de récupérer mes sacs et de me rendre à la gare en rickshaw.

Je finis par trouver le bon train, le bon wagon et ma couchette… Le Janta Express qui doit m’amener directement à Bénarès est complet…

20h30… Mes sacs sont enchaînés sous mon siège… Le train démarre à l’heure !

Dès 20h45, les premiers Indiens commencent à ronfler… Je bouquine un peu et rejoins mes compagnons de route au pays de Morphée…

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