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Chapitre 1 (3/4)

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(du 10/10 au 20/10)

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Drapeaux à prières - Kaza

10/10/02

Lieu : Kaza (Himachal Pradesh)

J’ai quitté Tabo ce matin vers 10h. Lobsang a pris son petit déjeuner avec moi et a « séché » l’école pour attendre le bus. Finalement j’ai pris un taxi « jeep ». Je suis arrivé à Kaza une heure plus tard. La route qui suit la vallée est vraiment extraordinaire et j’envie quelque part le couple d’occidentaux que j’ai vu pédaler le long de la rivière… Malheureusement je suis vraiment trop chargé pour envisager ce mode de déplacement.

Kaza est une petite ville plutôt lugubre et salle. J’avais envisagé d’y faire une halte 2 ou 3 jours afin de faire un saut à Rangrik et à Kibber. Mais le temps se dégrade de jour en jour et le froid devient particulièrement mordant. Le matin, une fois que le Soleil a surgi au-dessus des montagnes, c’est super cool… Mais dès le début d’après-midi des nuages menaçants font leur apparition et un vent glacial souffle jusque dans la nuit. Je pense donc repartir pour Manali dès demain matin (bus à 4h !) et ne pas m’attarder plus longtemps dans la vallée. Je vais profiter de cette journée pour lire un peu et me reposer.

 Cela me fait tout drôle de me retrouver tout seul… Un peu perdu… Les visages souriants de Tabo me manquent déjà… Je m’offre un solide repas (omelette, riz, légumes et lentilles), accompagné de ma première bière depuis mon arrivée en Inde (à la tienne Gilbert !). C’est une « MEAKINS 10 000 », production locale. « Super strong beer » de 650 ml, dont le degré d’alcool semble variable entre 5 et 8,25 %. Quand je sortirai de l’hôtel Zambala, je serai un peu pompette ! Dans la salle du restaurant se trouve un super poster de Lhassa… Les tables se remplissent vers 14h… Les serveurs se lancent adroitement les chapatis… Dehors, le ciel est déjà couvert. Le gérant de l’hôtel vient me voir… Pour quiter Kaza, il faut réserver à l’avance sa place dans le bus. Le bureau des réservations de la gare routière ouvre à 16h. Alors là… Bonjour… Sans la bière, je crois que je serai devenu fou… En fait, j’ai plutôt rigolé ! Pour commencer, le fonctionnaire chargé d’établir les réservations ne s’est pointé qu’à 16h40 (« Indian Time ») et alors ce fut la ruée… On devait être au moins une trentaine à se bousculer dans une petite pièce de 5m sur 5 ! Les locaux se bousculent joyeusement, grimpent sur les chaises, s’accrochent aux barreaux de la fenêtre, tendant les 120 Rs nécessaires au voyage en espérant être les premiers servis… J’ai réussi à récupérer une chaise et je me suis assis dans un coin sous l’œil amusé des Indiens. J’ai bien dû rester une heure dans le bureau en vain ! Finalement, ayant rencontré deux Rajasthani dans une jeep un peu plus tôt, je me décide à les chercher afin de leur demander de m’emmener avec eux. Je retrouve leur jeep, je trouve leur chambre… Et je découvre que toute la famille est avec eux ! On discute quelques minutes et on prend rendez-vous pour la foire aux chameaux de Pushkar vers la mi-novembre… Un peu dégoûté – car cela aurait vraiment été bien de redescendre sur Manali en jeep –, je retourne au bureau des réservations… Une jeune occidentale, mesurant plus d’1,80m, passe par dessus les Indiens et parvient à obtenir ses billets ! Mais le bureau est toujours aussi plein et je renonce de nouveau à participer à cette foire d’empoigne. C’est finalement le gérant de l’hôtel Zambala, où je réside, qui me proposera de m’aider. Il est 18h20 quand je parviens enfin à obtenir un billet, mais pour le bus de 5h, rajouté à cause de l’affluence… Finalement c’est pas plus mal… Cependant, ce bus ne sera pas direct, autant dire que je vais m’arrêter partout !

Plus tard dans la soirée, la « grande occidentale », que je présume être française, entre dans le restaurant, accompagnée par une autre jeune fille, tout aussi grande… Nous dînons ensembles. Sophie et Christine sont suisses. Elles viennent d’achever un trek de 15 jours au Ladakh. Elles prendront le bus de 4 h pour Manali et nous décidons de nous y retrouver… Je suis bien content de trouver quelqu’un à qui parler… en Français ! En plus, elles boivent de la bière ! Elles rêvent d’une douche chaude, ce qui ne sera pas possible à Kaza privée d’électricité de toute la journée… Mais c’est avec un immense plaisir qu’elles m’empruntent mon tube de dentifrice…

11/10/02

Lieu : Kaza – Manali (On the road…)

Bien évidemment, le bus prévu à 5h n’est parti qu’à 6h30… J’ai donc poireauter pendant près de 2 heures à la gare… En dépits des 12 heures de bus, le voyage a été fort agréable… La traversée de la vallée et le passage des cols (Kunzum et Rohtang) révèlent des paysages tout autant fabuleux qu’impressionnants… La route chaotique serpente le long des parois ou longe la rivière au fond de la vallée. Bien sûr, la route, -disons plutôt la piste- est extrêmement étroite et il n’y a pas de parapet ! Lorsque 2 véhicules se croisent, il faut toujours trouver un espace moins étroit et les manœuvres sont toujours délicates… Vers 16h, alors que nous passions le col de Rothang, un épais brouillard montait de la vallée. La descente vers Manali révéla enfin une végétation plus importante.

Sur les pistes rocailleuses de la "Spiti Valley"

Je suis descendu à l’hôtel Mountview, 150 Rs la nuit… J’ai enfin pu prendre une bonne douche chaude –la première en près de deux semaines !- et je me suis récuré des orteils aux cheveux ! Rien à dire, ça fait vraiment du bien… Jusque là, c’était toilette de chat avec des bassines d’eau froide…

Ce soir, j’ai retrouvé mes deux « Gardes Suisses » - elles sont vraiment grandes !- et nous avons prévu de faire un petit trek ensembles dans les prochains jours… avant de nous rendre à Kullu, où se déroulera un festival de danse (à partir du 15 octobre). Bien entendu, on a vidé quelques bières…

12/10/02

Lieu : Manali

Journée noire… Je ressemble à un petit lapin atteint de myxomatose… Je n’ai pas trop fait attention à mes lentilles de contact pendant mon séjour dans la vallée… Et aujourd’hui j’en subis les conséquences… La poussière du voyage n’a bien entendu rien arrangé… J’ai donc eu l’impression de me lever ce matin avec la mer de sable dans les yeux… Hors ici, au paradis des fumeurs de « charas », les yeux rouges signifient tout autre chose !… J’ai donc passé la journée dans ma chambre à regarder des super films à la télé ! Notamment un que je me suis forcé à suivre, mélange de West Side Story, du Lagon bleu et de Karaté Kid , le tout entrecoupé de pubs toutes les 7 minutes ! De toute façon il a fait un temps à ne pas lézarder au Soleil, et ce soir, même la lumière des néons m’a fait mal aux yeux… J’ai retrouvé mes Gardes Suisses dans un resto chinois. Elles doivent partir récupérer des affaires à Shimla et elles remonteront ensuite à Kullu pour Dussehra. J’espère que demain ça ira mieux…

Dimanche 13/10/02

Lieu : Manali

Réveil matinal ce matin… Il n’est pas encore 7 heures… Mais hier soir j’étais couché à 21h30 ! Je vous rassure tout de suite, tout va mieux ! Et je compte bien profiter de cette journée même si le temps ne me semble pas meilleur qu’hier. Enfin je vais essayer de vous envoyer ces quelques pages et quelques photos… (j’ai dû les réduire considérablement pour que ça passe). Je vais enregistrer le texte sous le bloc-notes windows (.txt) mais je vous conseille de le copier dans un autre traitement de texte (word) et de grossir les caractères pour plus de lisibilité… S’il y a toujours des problèmes, je me pends !…

Après ce réveil matinal, je suis donc parti faire une longue promenade. Quelques gouttes de pluie m’ont permis de me rafraîchir au cours de mon ascension. J’ai traversé le vieux village de Manali (Old Manali) sur les hauteurs, puis j’ai longé la colline. Le Soleil a fait une timide mais agréable apparition vers 11h. Ensuite je suis redescendu vers la rivière (Beas River) que j’ai longée afin de revenir sur la ville. En haut de la colline, j’ai assisté à la fabrication du « charas », le haschich… Un vieil homme malaxait tranquillement les feuilles de chanvre entre ses paumes et récoltait le précieux dépôt résineux. L’odeur est particulièrement forte et la résine collante. Je me suis bien sûr livré à la même expérience mais j’ai décliné l’invitation du vieil homme à partager sa pipe… - Bon allez, je l’avoue, j’ai quand même tiré quelques taffes… Rien à voir avec ce que j’ai eu l’occasion de goûter jusqu’à présent !… - Je me suis assis quelques minutes avec lui et il nous a préparé du chai. Il ne parlait pas un mot d’anglais mais ma présence semblait le ravir. Il habitait une petite maison isolée, en plein milieu de la colline, et semblait vivre des quelques arbres fruitiers (pommiers, je crois) qui poussaient autour de sa maison.

En revenant vers le vieux village, je me suis fait accoster plus d’une fois par des « dealers », ce qui m’a bien fait rire, sachant qu’il faudrait être aveugle, ou fainéant, pour ne pas profiter des largesses de la nature et ce, sans avoir à ouvrir sa bourse…

Cérémonie au Hadimba Temple - Manali

Alors que je redescendais vers Manali, j’ai entendu des sons de trompette et de tambours en provenance du temple d’Hadimba et bien entendu, j’y suis allé. J’ai alors assisté à une étrange procession. Puis j’ai eu droit à une cérémonie devant le temple, mais il y avait beaucoup de monde et je n’ai pas pu tout voir. En tout cas, il y avait une petite marre de sang lorsque tout fut fini. Je ne sais pas quel animal avait été sacrifié, mais le « gourou » avait le visage couvert de cendre et de sang… Ensuite je suis allé vous envoyer de mes nouvelles et j’espère que cette fois cela aura été positif… 

Puis j’ai déjeuné dans un dhaba (restaurant de rue) de samossa, de chou-fleur et de fromage en beignet. Avec un chai, cela ne m’a coûté que 18 Rs !… Les Suissesses passaient par-là et se sont jointes à moi… Ce soir on devrait dîner dans une pizzeria (El Furno)…

Cet après-midi, je me suis baladé dans le quartier tibétain. J’ai notamment visité le Gadhan Thekchokling Gompa, temple récent et coloré. Au total, j’ai quand même pris plus d’une centaine de photos aujourd’hui, rattrapant ma journée noire d’hier…

La nuit commence à tomber… Je vais rejoindre les Suissesses et me taper une bonne pizza… et quelques verres de bière…

14/10/02

Lieu : Manali

Réveil matinal ensoleillé ! Le Soleil est enfin parvenu à percer ! Hier, à part l’éclairci du matin, le temps n’avait rien eu de formidable… Programme de la journée : trouver de la lecture et visiter le « Nature Park » de Manali.

Il m’a fallu attendre 9 heures pour acheter le journal, le temps de faire trois fois le tour du centre-ville. J’ai pu à loisir observer l’agitation des ruelles qui s’animent peu à peu. - Enfin, par endroits, ça grouille déjà pas mal !… - J’ai donc appris la nouvelle de l’attentat en Indonésie par le journal alors que je prenais mon petit déjeuner… Ainsi que la victoire de Schumacher…

J’ai tenté de me rendre ensuite dans les 2 librairies de la ville, mais elles étaient toujours fermées. Le centre ville de Manali était maintenant bien réveillé… Afin d’échapper à la foule et surtout aux bruits, le « Nature Park » offre une excellente alternative. Pour la bagatelle de 5 Rs, on accède à deux pas du centre ville à un havre de paix verdoyant… Le parc est constitué d’une forêt de pins et de sapins… vachement hauts !… Rien à voir avec nos petits conifères. En cherchant bien, on trouve des chênes et des noisetiers. On suit un sentier balisé, entouré d’arbustes, de plantes diverses et de fougères, loin de l’agitation citadine. J’ai pu y approcher une bande de singes (une dizaine) et j’ai chassé en vain les paradisiers. Ces superbes oiseaux grimpent aux arbres avec une agilité surprenante, échappant à l’objectif de mon appareil photo. Ils ont une longue queue colorée et ils planent en se faufilant entre les arbres. Les autres oiseaux sont dans des « cagettes » grillagées. Un paon, 3 ou 4 autres oiseaux dont le nom m’est inconnu. 

Les pentes boisées - Manali

Quelques oies indiennes se partagent quant à elles un vaste enclos et font un boucan d’enfer ! Le parc, visiblement entretenu, est quand même super crado ! Je dirais même que l’aire de pique-nique est totalement insalubre ! Bon, on est en Inde… Si on est un peu à cheval sur la propreté, y’a pas photo, vaut mieux rester à la maison… En fait, de loin, j’avais d’abord cru que c’était une décharge d’ordures et c’est en approchant que j’ai vu l’écriteau mentionnant l’aire de pique-nique ! D’ailleurs c’est vrai, il n’y avait que des résidus de repas et une cinquantaine de bouteilles en plastique. C’était malgré tout une chouette balade…

Je pars ensuite en quête d’un livre dont on m’a parlé à deux reprises depuis mon arrivée ici. « Hitch Hikers in the Galaxy » de Douglas Adams. En fait ça devrait même être le premier livre d’une série de cinq. J’ai pu trouver facilement les 4 autres, mais pas le premier ! J’ai donc acheté une version simplifiée du « Mahabharata », le plus long écrit jamais paru, plus de huit fois « l’Illyade » et « l’Odyssée » réunis ! Mais je vous en reparlerai… (J’avais déjà essayé de le lire, il y a quelques années mais c’était pas facile… Y’a pas mal de personnages avec des noms à coucher dehors pour un occidental non initié à l’Hindi).

Je suis allé déjeuner au « Chopstick », également afin de pouvoir lire un peu au calme… J’y ai retrouvé Sophie et Christine… Elles partent ce soir pour Shimla… Hier soir, je n’ai même pas été capable de trouver la pizzeria et je ne les avais donc pas revues. Elles comptent passer la journée ici à attendre leur départ. Elles aussi sont passées à la librairie. Je me tape une big assiette de riz au beurre, et pour la première fois depuis que je suis en Inde, je commande de la viande ! Des carrés de poulet aux noix de cajou… En fait, j’ai déjà mangé de la viande, à Tabo, mais c’est quand j’étais invité chez mes amis. Je n’en avais encore pas commandée ! Enfin, c’est vraiment pas facile de se faire servir un steak bien saignant en Inde… J’ai ensuite fait mes adieux à mes « Gardes Suisses » et je suis retourné me promener dans la colonie tibétaine. Je m’y suis installé sur la terrasse d’un dhaba et j’ai bouquiné un peu en profitant du Soleil. Les quelques affaires que j’ai lavées en arrivant à Manali sont enfin sèches et il est également temps pour moi de quitter ce lieu. Je partirai demain matin pour Kullu où doit débuter un festival de danse à l’occasion de « Dusserah », célèbre fête populaire. Ce n’est qu’à 1h30 de route en descendant vers le sud.

15/10/02

Lieu : Manali / Kullu

Ce matin, réveil à 7h30… La nuit fut plutôt mouvementée… L’hôtel où j’étais jusqu’alors le seul résident a été pris d’assaut vers 21h par une horde de touristes autochtones ! Ils ont débarqué de 4 « 4x4 » et ont rempli les 7 autres chambres de l’annexe… Par la suite, au moins jusqu’à ce que je parvienne à m’endormir, on venait régulièrement toquer à ma porte toutes les demi-heures… pour demander mon voisin !

J’ai quitté Manali ce matin à 9h20 en bus et j’ai atterri à Kullu 1h30 plus tard (40 Km en descendant la Beas River, 24 Rs). Je m’interromps quelques instants… Les discours d’inauguration viennent de finir. Il est 20h00, alors que je recopie mes notes prises ce jour. Le Festival de Danse Régionale, d’où je viens de me faire refouler faute de place, va certainement commencer.

Bon, avant de reprendre mes notes, je dois vous décrire la scène… Je suis dans ma chambre d’hôtel, pas terrible… Dehors, j’entends les tambours, les flûtes et les chants qui rythment les danses folkloriques. Et quand je sors sur mon balcon, que je m’installe sur mon fauteuil et que je règle mes jumelles, je suis aux premières loges !

J’ai eu du mal ce matin à trouver une chambre. Le « Dussehra Festival Folk Dance » attire vraiment beaucoup de monde et je vais en être pour mon plus gros loyer : 350 Rs ! 

Le festival attire également de nombreux forains - Kullu

J’ai l’électricité, la télé noir et blanc, le ventilo (déjà utile ici, je suis pourtant encore à 1200 mètres, mais j’ai re-stocké la polaire au fond du sac, il fait chaud !), un grand lit, une salle de bain (lavabo, douche, WC), une petite table, deux fauteuils (l’un d’eux est sur le balcon, j’y fais un saut à chaque nouvelle danse…) et… pas d’eau ! - Le « garçon d’étage » m’a dit qu’il y en aurait dans une heure (c’était ce matin) et il n’y en a toujours pas…-

Heureusement qu’il a eu la bonne idée de me remplir le gros seau de la salle de bain. En général, toutes les salles de bain sont équipées de deux récipients, un gros pour stocker l’eau quand il y en a, et un petit pour n’utiliser que le strict minimum…

Je suis donc arrivé à Kullu vers 11h00. Après avoir été refoulé du premier, entièrement réservé, rejeté par les tarifs du second, je dus me contenter du troisième. Mais je ne regrette rien… Je ne peux pas m’empêcher de passer au direct… Ces danses folkloriques sont vraiment sympas ! Je ne m’imagine pas aller à un spectacle de danses bretonnes, et là, je m’éclate devant un spectacle de danse de l’Himachal Pradesh… C’est très varié ! Des couples, des groupes, des chanteurs, bien sûr, des danseurs, parfois des musiciens, des costumes très colorés, des rythmes rapides et lents, un peu d’acrobatie… C’est vraiment sympa… En ce moment ils sont une dizaine, 5 couples et trois musiciens… Sur un rythme endiablé, j’ai bien cru les voir faire quelques pas de Hip-Hop ! Avant, j’ai vu une femme danser avec un chandelier à plusieurs branches en équilibre sur la tête, bougies allumées !

Je viens encore de m’arrêter… C’était la danse du Spiti ! C’était très bien… Un peu plus lent et répétitif que les autres, mais c’était très beau !

C’est donc un super festival ! Y’a un monde pas possible… ça se déroule donc juste en face de mon hôtel, sur un grand terrain appelé « maiden ». Y’a près de 500 échoppes… Peut-être même plus de 1000 ! C’est comme un immense marché, on trouve de tout… Du couteau suisse au rouleau de printemps, en passant par le frigo ! Y’a aussi une super fête foraine (4 manèges, 1 bateau pirate et 3 genre « grandes roues »), un cirque, où j’essaierai sûrement d’aller demain, et plein de dhabas… Et bien sûr, il y a un nombre invraisemblable de gens… C’est vraiment impressionnant. Des Indiens de toutes les provinces du nord (Jamnu, Cachemire, Pundjab, Haryana et Uttaranchal), des touristes indiens de toutes les autres provinces, des sadhus, (aisément identifiables !), et une poignée (une centaine ?) de touristes occidentaux. Cet après-midi, j’ai eu droit à la même cérémonie qu’au temple de Manali… 

Sauf que cette fois, il y avait bien une centaine de palanquins. 1 par ville représentée. Chaque palanquin représente un Dieu… Tous différents… 1 Dieu par village… Je ne vous l’ai pas encore dit, par ce que je vais sûrement écrire un truc spécial la-dessus, mais il n’y a que 330 MILLIONS de Dieux dans le panthéon Hindou ! Enfin, y’avait plein de palanquins (« rath ») colorés ! Les deux hommes qui les porte les font basculer d’un côté et de l’autre… Parfois, ils délirent et se mettent à courir. Il vaut mieux faire attention… Ce soir, le patron du dhaba où j’ai dîné m’a expliqué que c’était suite à une intervention divine qu’ils « perdaient » le contrôle du rath. 

Chaque rath est précédé d’une dizaine de musiciens, parfois plus, des tambours et des sortes de trompes. Derrière, on retrouve les gens du village d’où le palanquin est originaire. Tous campent autour de la foire. Vers 16h00, tous les raths se sont rassemblés sur un grand espace aménagé… J’étais pas bien placé, j’ai pas pu approcher, et je suis trop petit, donc j’ai pas bien vu… En fait j’ai rien vu du tout… sinon le haut des palanquins qui se balançaient.

Les divinités portées sur les palanquins

- Bon a priori maintenant c’est un radio-crochet… Y’a plus de danse… Juste des chanteurs et c’est pas super… -

Y’avait également des troubadours… Le père, la mère et les enfants en spectacle. Equilibre sur corde au programme… La plus petite que j’ai vue sur la corde ne devait pas avoir plus de 5 ans… Dussehra à Kullu ressemble à une grande foire animée, colorée, odorante, bruyante, joyeuse… et dansante.

16/10/02

Lieu : Kullu (H.P. – 1 200 m)

Déjà 30 jours en Indes… Les chants du festival sont couverts par les rythmes effrénés des tambours des « fanfares » de tous les villages. Ils se sont tous réunis et rivalisent en dextérité, accompagnés par tous leurs camarades. Hier soir, les chants et danses ont cessé à minuit… Et ont repris dès 6 heures ce matin ! Enfin c’est ce que j’ai cru tout d’abord… Mais ce n’était qu’un enregistrement.

J’ai passé la journée à Bhekhli, un village perché sur une montagne au nord de Kullu… Loin de la foire… Pour atteindre Bhekhli, et son temple, on suit un escalier géant. On grimpe pendant au moins une heure, et c’est pas facile… Heureusement il y a des aires de repos sous de grands arbres. Il y a souvent du monde et certains locaux essaient timidement de lier conversation… Mais le plus souvent, cela ne va pas plus loin que l’incontournable « Where do you come from ? »…

Au bout de l’ascension, deux sympathiques dhabas pourront vous faire chauffer une tasse de chai. Et on arrive au temple… 

Kullu

Encore en travaux, mais bien joli. Il y a des supers sculptures récentes en bois de certains Dieux. Je suis content car j’arrive à les reconnaître assez facilement. A l’intérieur, l’antre sacré est entouré d’anciennes peintures. Kali, la Noire, est représentée… C’est la première fois que je la trouve. Un peu plus tard, j’ai commencé à être la cible d’un peu trop de jeunes qui voulaient que je les accompagne je ne sais où… Je suis redescendu un peu et me suis écarté du chemin. La vue sur Kullu était pas super… La vallée est orientée nord-sud, et le Soleil la traverse perpendiculairement. Autrement dit, avant que le Soleil n’émerge, il n’y a pas assez de lumière… Et quand le Soleil est là, il y en a trop… C’était une journée tranquille, à contempler la foire du haut de la montagne… Je me suis installé sur un rocher plat (j’ai viré mes pompes qui commencent à dégager des odeurs « fortes »), j’ai bouquiné, écrit, pris des photos (encore des aigles !), et bien sûr glandé au Soleil ! 

Je ne me rappelle même pas avoir eu une pensée pour vous… Et ce soir je le regrette un peu… Mais que voulez-vous, en ce moment, dès que je pense au travail, j’ai des malaises… Rien de très grave… Juste une grosse envie de vomir !… Je vous souhaite beaucoup de courage…

Déjà 30 jours en Inde… Je suis redescendu en milieu de journée et j’ai mis le cap sur le confortable hôtel où j’avais déjeuner hier. Y’a un bar sur une terrasse en plein air que j’ai repéré de la montagne. J’y bois une bière et déguste du poulet avec du riz ! Et 2 cheese nan. Je traverse la foire pour me renseigner sur les horaires des représentations pour le cirque. Coup de bol, y’en a une qui démarre à 17h… Un quart d’heure à attendre au milieu de ce milliard de gens ! Après la solitude de la montagne… Bonjour la claque… Je pénètre sous le chapiteau rapiécé (vraiment très rapiécé) à 17h… 17h30, début du spectacle… Une chèvre avec des grandes oreilles joue les funambules, 1 costaud réalise quelques équilibres en force, des jongleuses peu enthousiastes, un chien qui saute du haut d’une échelle, quelques tours de vélo et monocycle, un tour de voltige, encore un numéro de jonglage, des tours de hula-hop, quelques lancers de couteaux... En tout, il n’y a pourtant que 5 acteurs ! La « vedette », une jeune fille, a réalisé plus de la moitié des numéros ! Le chapiteau est plein. La quasi-totalité des chaises métalliques a pu être louée. Nous devons être près d’une centaine. Mes voisins sont de jeunes Indiens qui ne semblent guère apprécier le spectacle et ils se moquent gentiment. Moi, je ne peux pas m’empêcher de me marrer vraiment… Tous ont l’air de s’en foutre royalement ! Quant aux costumes, rien que pour voir les frous-frous à paillettes sur d’immonde collants ou des chaussettes, ça valait le détour. A part une proche voisine mère de famille et moi-même, il n’y eut guère d’applaudissements… Je suis ensuite retourné dîné chez mon copain patron de dhaba, spécialiste en Dieux et Déesses… En fait je bois à l’œil (coca, fanta…) si je reste en devanture de son resto. Il paraît que les occidentaux attirent les curieux. Il n’a pas tort…

Et me revoilà sur mon balcon, témoin des chants et danses de ce superbe festival…

17/10/02

Lieu : Kullu / Mandi

J’ai quitté Kullu ce matin, trop heureux d’échapper au vacarme de la foire. La fête a pris fin vers 23h, hier soir… pour reprendre à 6h ce matin !… Je me suis levé, j’ai refait mes sacs et je suis parti. 60 km plus loin, toujours en descendant la vallée, je me suis arrêté à Mandi. Je compte m’y reposer deux jours avant de remonter vers Dharamsala. Je loge dans une guesthouse au-dessus du fleuve. J’ai loué un lit en dortoir pour être à l’étage. En fait, je dispose de tous les lits des dortoirs, une vingtaine, même de tout l’étage, et surtout du grand balcon couvert. Et c’est une chance car il pleut ! Une bande de singes a élu domicile dans les arbres environnants. Ils tentent des incursions fréquentes dans les habitations afin de chiper de la nourriture. Les plus balaises se risquent même jusque sur mon balcon ! Trois pêcheurs essaient d’attraper du poisson à l’aide de filets lestés (ça c’était avant qu’il pleuve !). Une dizaine d’aigles pêcheurs (beaucoup plus petits que leurs confrères précédemment vus) survolent la rivière qui est ici beaucoup plus calme. Je perçois les appels d’un muezzin à proximité, et les incessants croassements des corbeaux. Je suis allé faire un tour en ville en arrivant. Il y a un vaste campus universitaire et un terrain de sport géant où les jeunes s’affrontent au… cricket ! De l’autre côté de la Beas River, c’est le centre ville, organisé autour d’une grande place entourée de magasins. La ville ne présente pas a priori d’attrait particulier. Les sites touristiques sont au minimum à 15 km… J’irai sûrement y faire un tour demain…

Il a plu une bonne partie de la journée mais j’avais décidé de ne pas bouger… Les singes se sont montrés de plus en plus audacieux. Un gros mâle a sauté par-dessus mon ordinateur… J’ai presque eu peur… Mais j’ai eu beau me lever et essayer de le chasser, il s’en contre-fout !… La seconde fois qu’il a voulu passer, je n’ai pas bougé et il est passé juste derrière la table…

Sinon, je suis bien content… C’est la première fois que je dors en dortoir et je n’ai jamais eu une chambre aussi grande… Une suite, devrais-je dire… Et pour la première fois depuis le début de mon périple (excepté à Delhi…), je bénéficie à la fois de l’eau chaude à volonté (enfin presque), de l’eau froide (ce n’était pas le cas à Kullu), et de l’électricité (Y’a quand même quelques coupures…) !

Il n’empêche que je suis prisonnier… Dehors, les singes m’attendent… Je les entends rôder sur le balcon…

Heureusement, j’ai eu la bonne idée d’acheter des provisions : des bananes (6), de l’eau (2 litres) et des clopes (1 petit paquet de « Four Square », 15 Rs les 10 clopes)… Je vais peut-être essayer de partager mes bananes avec mes voisins simiesques…

 

Les singes envahissent les balcons...

18/10/02

Lieu : Mandi

J’avais fait sonner ma montre-réveil à 7h15… Mais je n’ai émergé qu’une heure plus tard. Après la proximité de la foire de Kullu, cette guesthouse au-dessus de la Beas me semble être l’endroit le plus calme de la vallée. Après une toilette succincte (je n’ai pas réussi à avoir de l’eau chaude…), je suis monté au Tarna Temple (« Syamakali Temple »)… où je me suis aperçu que finalement je n’y connaissais encore pas grand chose en matière de divinités hindoues… Y’avait pas de portrait de Ganesh (celui qui a une tête d’éléphant) et j’ai bien été incapable d’en reconnaître un seul… Y’en avait pourtant pas mal… J’ai eu quelques doutes sur Kali, mais il y en a deux qui correspondraient… J’ai pourtant été invité par la « brahmine » de service à la prendre en photo dans le sacré saint du temple… Les photos sont toutefois interdites ! Elle m’a offert quelques sucreries et j’ai « généreusement » déposé 10 Rs dans le réceptacle des dons… Pour ce qui était des photos, y’avait plus de problème, mais pour les divinités, mes questions sont restées sans réponse (du moins, j’ai pas tout compris, les explications étaient en Hindi…). Je n’étais pas seul dans le temple et j’ai bien essayé d’en savoir plus auprès d’autres locaux venus prier, mais là encore les explications étaient confuses.

Par la suite je me suis promené dans la ville (Indra Market – marché), plus ou moins à la recherche d’une banque où je puisse retirer des sous avec ma carte bleue. Miracle, ce fut chose faite à la « Bank of Baroda ». Contre 1% de la transaction, un forfait de 100 Rs et 4 Rs pour photocopier mon passeport et mon visa. Et cela ne m’a pris que 10 minutes ! Le « chef » de la banque m’a demandé d’attendre 20 à 25 mn et je suis allé boire un chai. Puis, j’ai traîné encore un peu dans la ville, de dhaba en dhaba, pour me rendre compte que ma version du Mahabharata avait été raccourci d’une quinzaine de pages… J’ai donc dû momentanément suspendre ma lecture ce cette superbe histoire. Il me fut bien sûr impossible de trouver une librairie (en dehors des livres scolaires), et je vais devoir patienter jusqu’à Dharamsala pour trouver quelque chose à lire. La ville n’est pas désagréable… Il n’y a pas trop de circulation et tous les gens à qui j’ai eu demandé mon chemin ou des renseignements, chez qui j’ai consommé du chai ou du plus solide (samossa et gâteaux sucrés), m’ont toujours été très sympathiques en dépit du problème de communication…

Et me revoici sur ma terrasse… Avec mes singes, mes aigles, mes pêcheurs et mes voisins… Il n’est que 16h30… Les singes n’ont pas encore fait leur apparition, mais si cela se passe comme hier, cela ne devrait pas tarder. J’ai attaché une banane sur une chaise à côté de moi… Pour l’instant j’ai pas vraiment réussi à prendre une bonne photo… Ce ne sont pourtant pas les occasions qui manquent… Alors maintenant, j’assure… et j’attends… En attendant, j’observe les pêcheurs à la jumelle. Ils sont trop loin pour que je puisse prendre des photos... Ils sont plutôt doués. On a pied partout jusqu’aux genoux, et les pêcheurs marchent doucement le long de la rivière en essayant de repérer les poissons. Ils jettent alors leurs filets circulaires lestés et hop, plus d’une fois sur deux, le poisson est dedans… Et d’après ce que je peux en voir, ce sont de beaux poissons (15-20 cm !). Leurs filets sont reliés à une corde d’une dizaine de mètres ce qui leur permettent de les récupérer facilement. A en juger par la grosseur de leurs besaces, leur méthode est efficace et la pêche est fructueuse. Demain je pars en excursion pour la journée, au lac de Rewalsar, situé à 24 Km de Mandi… C’est un lieu sacré pour les bouddhistes, les Sikhs, les Hindous… Et les touristes !

Les singes arrivent… Il y en a une vingtaine. Ils sortent des grands arbres et viennent tranquillement jusque chez les gens. Un petit chien commence à aboyer. C’est le signal pour mes voisins de ramasser tout ce qui traîne dehors. Je suppose que d’ici quelques minutes, ils auront atteint mon étage.

La banane n’a pas résisté plus de 20 secondes ! Le premier singe qui passait en a fait son affaire ! 5 secondes pour la détacher et 15 secondes pour se la taper ! Et bien sûr, les photos sont encore ratées ! A ce rythme, mes réserves ne vont pas faire long feu ! Je vais refaire l’expérience avec une pomme… Mais sans l’attacher !

C’est du délire… Mes voisins essaient de les chasser, mais quand ils en chassent 10 d’un côté, y’en a 10 qui passent par l’autre… C’est perdu d’avance… Moi je rigole en essayant de faire des photos, ce qui ne semble pas être du goût de mes voisins ! Nul doute que pour eux, ces singes doivent être une vraie calamité !

Je ne sais pas si c’est une très bonne idée de leur donner à manger… Il en arrive de partout… Et des gros ! Heureusement, à part la pomme, partie aussi vite que la banane, la bande de chapardeurs n’a pas l’air de s’intéresser à mes affaires. Je vais donc les ignorer, en espérant que notre cohabitation demeure pacifique... Le balcon où je me trouve est pourtant « protégé » par des barbelés… Les singes n’en ont cure ! Ils s’en servent même pour s’y agripper !

A la tombée de la nuit, les singes s’en sont retournés dans leurs arbres, repus par tout ce qu’ils ont pu ramasser. Quant à moi, je vais aller dîner en ville…

19/10/02

Lieu : Mandi

1h30 de bus pour 24 km (14 Rs) ! On approche du record ! La route, goudronnée mais très étroite, grimpe dans les hauteurs au-dessus de Mandi. Les collines escarpées sont couvertes d’une végétation foisonnante. On franchit plusieurs vallées avant d’atteindre Rewalsar. Je suis arrivé à 9h30 dans ce petit village perché à 1350 m. La ville est bâtie autour d’un petit lac (100 x 100 m environ) mais elle est surtout renommée pour ces temples. Hindous, Sikhs et bouddhistes considèrent en effet que le lieu est sacré et tous ont voulu y marquer leur empreinte. Les ruelles sont parcourues par une importante population d’origine tibétaine. De vieilles femmes, aux visages burinés par le Soleil, sillonnent les alentours du monastère bouddhiste – dans le sens des aiguilles d’une montre – en faisant tourner des petits moulins à prière et en récitant des mantras.

Rewalsar - Une colline sacrée pour tous les Bouddhistes

Je me suis installé en terrasse juste en face du célèbre Ogyen Heru Kai Phodrang, monastère bouddhiste de la lignée Nyngmapa – c’est écrit au-dessus de la porte ! –, où j’irai faire un tour après mon « hamburger spitien » et mon chai.

Le monastère proprement dit était fermé et je n’ai eu accès qu’à une vaste cour. Je reviendrai tenter ma chance plus tard avec succès. Je pars donc faire un p’tit tour du lac particulièrement poissonneux. Ça grouille de grosses carpes (?)et on peut même les nourrir… Mais plutôt que de gaver les poissons, j’entends les gazouillis fiévreux d’une cinquantaine d’enfants, et je m’empresse d’aller faire mon curieux de ce côté… Une école (Spécial Tashi Delek à tous les collègues !)… avec tout plein d’enfants qui courent en tous sens avant d’atteindre leur lieu de rassemblement. Premier contact réel avec une école indienne gouvernementale… Les enfants, en uniformes blancs, sont assis par terre dans la rue, impeccablement (?) alignés. Le rituel matinal semble être de rigueur dans tout le pays… Cette fois ni chant, ni exercice physique, mais récitation de prières et de mantras… Trois jeunes filles, les plus âgées des enfants, sont assises devant, face à leurs camarades et mènent les exercices. Je m’approche innocemment et adresse un grand sourire aux institutrices, rassemblées un peu à l’écart. J’approche encore, leur adressant un « namaste » silencieux ! Elles me répondent, également gestuellement… Je suis à moins de dix mètres des écoliers…

Un homme approche… C’est un instit de l’école… On discute un peu… Après lui avoir révéler mon salaire, un peu honteux, même s’il en connaissait déjà le montant, je lui parle de mon expérience à Tabo… Et me voilà de nouveau embaucher !… Je décline poliment leur invitation à leur montrer mes talents polyglottes… J’envisage cependant de remettre ça, dès que je me serai de nouveau stabilisé.

Interruption alors que je suis pris en plein pianotage par le « boy » de la guesthouse et son frère, étudiant en informatique… Il doit bientôt passer un test avec un montage en langage html… Je leur propose de les aider demain et pourquoi pas prendre des photos… RDV demain donc… De toute façon, je comptai profiter de mon dimanche… Sûrement faire une grande lessive…

 La grotte de Padmasambhava

Bon, j’avais encore une grande colline à gravir avant d’atteindre le but de mon excursion… La grotte « secrète » de Padmasambhava !… J’ai même eu la chance d’avoir un guide expérimenté… Un chien qui m’a accompagné, devancé, et donc montré le chemin ! En fait, en dépits des moult embranchements et habitations qui croisent le sentier, il est facile de suivre le bon… C’est celui qui monte ! Moins facile de le gravir… C’était malgré tout la plus aisée de mes sorties pédestres. Au sommet, je prends un bon verre de chai et j’interroge le patron du dhaba sur ce qu’on peut voir ici… Je suis au pied d’une petite colline couverte de bannières et de drapeaux à prières (J’en achète d’ailleurs, des drapeaux et de l’encens… Je crois comprendre qu’il va falloir faire un don…). 

Le patron du dhaba me propose d’être mon guide… Je refuse… Alors il me dit que je vais voir des « caves », (grottes en anglais), et une statue de Bouddha… Que je n’avais qu’à demander aux nonnes… Je pars donc seul à l’assaut de cette petite colline, entouré d’innombrables drapeaux multicolores. Les sentiers se croisent… Je me perds dans le labyrinthe… Des petites cabanes ont été bâties un peu partout sur la colline. Une porte s’ouvre… Phuntsok Lama, « cave N°32 », m’accueille chaleureusement, m’invitant à le suivre dans sa paisible retraite… Sa cabane doit mesurer 4m x 2m…

 C’est là qu’il vit, médite et prie, solitaire, jours et nuits… Dans sa « cellule », il m’offre le thé, des biscuits, fait un peu de place pour que je puisse m’asseoir, tout en continuant de psalmodier des « Om Mane Padme Um » chaque fois qu’il le peut… Il ne parle pas un mot d’Anglais… On a eu en commun qu’une vingtaine de mots… Pas vraiment facile de communiquer avec si peu !

Retour sur Rewalsar, son lac et ses temples par le même chemin. J’ai cette fois accès au temple clos ce matin. Je fais un rapide tour du lac… Partie d’échecs avec des moines… Retour sur Mandi… Dîner au même restau veg. qu’hier, je teste le talhi local… Pas mal…Le serveur n’est pas le même qu’hier soir, et ne parle pas l’anglais…

Je vais encore rester demain à Mandi, avant d’aller m’établir à Dharamsala pour une quinzaine de jours…

Dimanche 20/10/02

Lieu : Mandi

Réveil tranquille ce matin… J’ai fait ma lessive, effectué un peu de rangement dans ma grande piaule, me suis rasé, douché, vêtu de propre et finalement je suis descendu au bord de la rivière. C’est ce que l’on appelle ici les « ghats »… J’ai observé un pêcheur quelques temps et je me suis avancé au milieu de la rivière. Il y a plein de rochers et de pierres qui émergent et on peut presque traverser à pieds secs. J’aperçois un ancien temple en pierres et, regagnant la berge, je me dirige dans sa direction… Des jeunes filles sont en train de laver du linge. Rapidement, grâce à « l’appareil photo magique où l’on peut se voir juste après sur le petit écran », les filles m’invitent à les immortaliser…

Kullu

 Je ne me fais pas prier… Là encore, le dialogue tourne très vite à… rien du tout ! Je parviens néanmoins à comprendre qu’une des jeunes filles m’invite à la suivre pour boire le chai. J’accepte volontiers son invitation. Une cinquantaine de mètres plus loin, ce que j’appellerai un bidonville a été monté au bord de la rivière. Les cabanes, ouvertes à tous les vents, sont constituées d’un plancher surélevé et d’un toit en sacs plastiques… Bienvenu chez les « dalit », les « Scheduled Castes », (castes répertoriées), les Rois des pauvres en Inde, les fameux « intouchables »… Une trentaine de cabanes similaires abritent une grande population, essentiellement des femmes et des enfants. On m’invite à venir m’asseoir sous une bâche. Nouvelle séance photos… On m’apporte le chai… C’est bien dommage de ne pas parler un mot d’Hindi… On me promène dans le « village », de cabane en cabane… On m’offre à nouveau le chai… Finalement, alors que je m’apprête à partir, je m’aperçois que je n’ai plus mes lunettes de soleil… Je les ai prêtées à un jeune… Quand je lui demande de me restituer mon bien, il m’indique la cabane du « chef » du clan… Il m’invite… Je m’assois sur sa paillasse… Lui parle un peu anglais… Nouveau chai… Je lui propose une cigarette qu’il s’empresse de transformer en joint ! Mais je décline son invitation à fumer le charas avec lui… Autant garder les idées claires ! On essaie de discuter un peu, mais c’est vraiment pas facile… Alors que j’essaie de partir, il m’interpelle afin de me demander… mes chaussures !

Je n’ai pas récupérer mes lunettes - et ai réussi à garder mes chaussures ! -, mais je ne vais pas tarder à y retourner… Je crois avoir compris qu’ils m’ont invité à dîner…

Un peu plus tard, après avoir installé mon bureau sur mon balcon, les deux frères d’hier soir, Harsh et Nitesh, viennent me trouver. Leur grand frère s’est joint à eux et nous allons tous les quatre faire des photos dans les environs… Je leur imprime 2 CD avec toutes les photos que nous avons prises, et des photos prises précédemment…

Je vais de ce pas aller acheter quelques bonbons et retourner voir les riverains de la rivière…

Et moi qui pensait pouvoir profiter de mon dimanche pour bouquiner… Il est 19h30… Je suis rentré il n’y a que quelques minutes. Mon repas chez les mendiants de la rivière c’est bien passé… Mais les quatre mots d’hindi que je maîtrise sont malheureusement insuffisants pour espérer comprendre ceux et celles qui m’entourent… Je prends néanmoins conscience du fossé qui nous sépare… J’ai parlé des « dalit » aux trois frères… Selon-eux, il n’y aurait plus de système de castes, du moins dans l’esprit des plus jeunes… Ce serait différent pour leurs grands-parents. L’aîné (20 ans) poursuit des études sportives ; celui du milieu (19 ans), le garçon d’hôtel de ma guesthouse – dont leur grand-père est le proprio – poursuit ses études au collège ; le cadet (17 ans), suit également des études au collège, mais prend également des cours privés en informatique… Mais eux aussi, semblent aussi éloignés que moi de leurs voisins, les « mendiants de la rivière ».

Je suis repassé par les ghats pour rejoindre leur campement. J’ai pu faire de jolies photos d’un pêcheur. Pour le reste, les ghats servent de dépotoir et de chiottes pour pas mal d’Indiens. Traverser la rivière en slalomant sur les pierres en évitant les étrons couverts de mouches et tous les immondices en tout genre relève des exploits d’Indiana Jones… Mon arrivée au village fut saluée par les cris de nombreux enfants. J’aurais préféré une arrivée plus discrète… Le « chef », enroulé dans une couverture, pique un petit roupillon… Les cris des enfants ne tardent pas à le réveiller. Je lui donne 4 piles, pour le petit piano (jouet) d’un de ses enfants. Avant qu’il n’ait totalement émergé, un autre homme, inconnu, s’approche et m’invite à le suivre… « Snake, snake… »…

Attention... Morsure fatale...

Trois hommes sont installés sur des nattes au centre du village. En fait, c’est même là qu’ils vont vivre pendant leur séjour à Mandi. Ce sont également des mendiants, des charmeurs de serpents… et de touristes… J’ai droit au petit spectacle, et en insistant un tout petit peu, l’un des trois hommes se met à jouer de la flûte. Bon je sais, les serpents sont sourds, mais c’était juste pour la photo… Les charmeurs de serpents m’invitent à partager leur natte… J’offre ma tournée de chai… Un pichet bien rempli et une dizaine de verres… Nous sommes entourés d’une quinzaine d’enfants, d’une dizaine d’ados et d’au moins autant d’adultes, mais eux se tiennent un peu en retrait. J’assure plus de spectacle que tous les cobras de l’Inde réunis. Je salue respectueusement les anciens qui passent…

 Je prends quelques photos… L’Indien qui semblait parler anglais se contente de répéter tout ce que je peux essayer de lui dire… Mes questions restent le plus souvent sans réponse… Il acquiesce à tout ce que je lui dis. Je refile au « boss » du village les bonbons que j’ai achetés… J’évite l’émeute en le chargeant de la distribution, même si lui aussi aura du mal à s’en sortir décemment. Je suis allé dîner sous la tente de la jeune fille qui m’avait invité. Je comprends que ses deux sœurs et son jeune frère dînent avec nous… Pour être exact, ils ont attendu que je termine pour manger à leur tour. Du riz, de piètre qualité, 2 chapatis et un bol de bouillon fortement épicé. A l’intérieur, je crois avoir détecter des tripes… ou quelque chose qui y ressemble, c’était vraiment trop épicé et je n’ai pas insisté. Mais le riz, avec un peu de sauce, et les chapatis étaient bons. J’ai même bu , non sans appréhension, l’eau qu’ils m’ont proposée. J’ai refilé en douce à mes hôtesses quelques paquets de biscuits. En dehors de la tente, et ce ne fut pas facile de les en faire sortir, une bonne vingtaine de curieux assistaient à mon silencieux repas. Impossible de dialoguer… Ils essaient de me répéter les mêmes mots, sans doute très simples… Mais rien à faire… En fait, j’imagine que tout ce que j’interprète doit être à l’opposé de ce qui ce passe ici. Je me sens incapable de les comprendre et c’est ce qui, quelque part, me chagrine le plus.

Vers 18h, la nuit commence à tomber… Sans électricité, seuls les braseros qui servent pour la cuisine illuminent le campement. Je rejoins mes charmeurs, qui entretiennent le meilleur feu… Je leur donne 100 Rs, après avoir failli me faire pleurer… Mais bon, ce sont des mendiants et c’est leur métier ! Et puis j’ai passé une bonne soirée… Et alors que j’avais déjà fait une croix dessus, j’ai récupéré mes lunettes !… Demain, je me lève tôt… Je roule vers Dharamsala…

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