SOMMAIRE

Chapitre 1 (2/4)

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(du 20/09 au 09/10)

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Manali

 

20/09/02

Lieu : Manali (Himachal Pradesh)

2050 mètres… Je commence à grimper… Old Manali – Guest House (100 Rs) Rencontre avec Andy et Alain (qui étaient dans le même bus que moi)… Balade en montagne et le long de la rivière… 21/09/02 Lieu : Manali Débat avec un sadhu sur le bien et le mal au temple de Hadimba… J’ai pas tout compris mais j’ai bien rigolé !… Plus tard je suis allé dans le cyber-café de la ville… 2 heures de connexion pour n’arriver seulement qu’à lire les 7 messages reçus ! En clair, c’est pas très rapide et plutôt cher (80 Rs de l’heure contre 30 seulement à Delhi…) Hôtel en face de la station de bus en prévision d’un départ matinal…

Dimanche 22/09/02

Lieu : Manali – Kaza (On the Road)

« Ce sont les dieux, sans doute, qui vivent ici ; il n’y a pas de place pour les hommes »

Rudyard KIPLING

Départ de Manali (6 h) – Rohtang Pass (3 978 m) – Kunzum La (4 551 m) - Arrivée à Kaza 17 h (130 Rs). Zambala Hôtel (140 Rs) – Kaza me semble vide par rapport à mon précédent séjour. La saison touristique est terminée… Kaza est situé à 3 640 mètres d’altitude… Ouf ! je redescends un peu !

23/09/02

Lieu : Kaza – Tabo (On the Road)

Départ pour Tabo (14 h) – Arrivée à Tabo 16 h (35 Rs) – 3 050 mètres

Thé chez Tsering (la petite fille que je « sponsorise ») – Momos (ravioli/croissant) et veg. fried rice au restaurant du monastère - Nuit mouvementée dans la guesthouse du monastère (les rats se battent dans le plafond !).

Kaza - 22/09

24/09/02

Lieu : Tabo (H. P. – Spiti)

Sangpo me loge dans le bâtiment des « invités officiels »… (Y’a pas d’eau !)

Contact avec l’école… Séance diapos pour les élèves… et tout le « staff »… Le headmaster, M. Yeshi Tenzin est toujours en poste… Je commence demain à jouer l’instit ! – Panne d’électricité (14 h) – Chowmein (pâtes) - Nuit étoilée !

25/09/02

Lieu : Tabo

Bonjour l’instit ! Voilà que j’ai vu défiler toutes les classes ! De la petite section à l’équivalent du CE2 ! Pas facile… Surtout avec les maternelles ! – Cerf volant sur l’hélibase – Retour de l’électricité (18 h !!!) et il y a de l’eau (froide !)! Il faut juste remplir un container situé sur le toit – Nuit étoilée !

Himachal Pradesh – Spiti Vallée – Tabo La « Serkong Primary School »

Il est 6 heures du matin. Le Soleil, caché derrière les montagnes n’a pas encore fait son apparition dans la vallée encaissée de Spiti. Il fait pourtant grand jour depuis plus d’une heure. Un gong résonne en provenance du monastère, appelant les moines pour la puja, rituel matinal qui précède les activités quotidiennes.

A 7 heures, le Soleil émerge enfin au-dessus des montagnes, illuminant la vallée. C’est le temps des moissons et dans les champs, hommes et femmes sont déjà au travail. Tout est effectué à la main. Les uns coupent les blés, d’autres les transportent vers la petite machine ancestrale qui séparera les grains du chaume. Peu à peu les rues du village s’animent.

Gymnastique matinale

Les enfants rejoignent leur nouvelle école en riant. A 9h30, tous les enfants sont rassemblés et alignés sur le parvis. C’est l’heure des chants et de la gymnastique, dirigés par le directeur de l’école, M. Yeshi, et sous l’œil bienveillant des 3 institutrices présentes. Dans une cohésion quasi-parfaite les 131 élèves effectuent quelques exercices au rythme d’une caisse claire et de petites haltères en bois (dumbles ?) maniées par les enfants les plus âgés.

A 9h45, tous les élèves rejoignent leurs salles de classe respectives. La journée à l’école compte 6 périodes de 45 mn. 2 pauses permettent de souffler un peu : de 11h15 à 11h30 pour boire le thé et de 13h à 14h pour le déjeuner. A 15h30, c’est la fin des cours. Les enfants de Tabo rentrent chez eux tandis que les enfants originaires des villages voisins restent dans l’école.

Garçons et filles, âgés de 5 à 11 ans, sont répartis en 5 niveaux. Les plus jeunes sont les plus nombreux. Ils sont aujourd’hui 63 à fréquenter l’équivalent de notre école maternelle. Ils sont répartis en 2 niveaux – LKG et UKG -, eux mêmes divisés en 2 groupes afin de diminuer les effectifs. Les 3 niveaux suivants - Class I, Class II et Class III -, correspondent au CP, CE1 et CE2 de notre système scolaire. Mais les programmes ne sont pas du tout les mêmes ! Ils sont 38 en Class I, également divisé en 2 groupes, 19 en Class II et 11 en Class III. 

Les élèves actuellement scolarisés en Class III furent les premiers à bénéficier de la nouvelle école créée par le monastère il y a seulement 3 ans, ce qui explique le faible effectif. L’année prochaine, une nouvelle classe – Class IV - sera créée afin d’accueillir ces 11 élèves. La « Serkong Primary School » accueille 73 filles et 58 garçons. Afin de les encadrer, le personnel de l’école comprend 15 personnes : le directeur de l’école (Headmaster), 7 instituteurs, 2 cuisiniers et 5 femmes chargées de l’entretien des locaux, du lavage et de l’habillage des enfants les plus jeunes et surtout de la surveillance de l’internat.

L’école du monastère a été fondée afin de préserver la culture et la langue de la population d’origine tibétaine de la vallée. Un internat, provisoirement situé dans les murs de l’école, est destiné à accueillir les enfants de toute la vallée. La plupart des enfants (90) ne sont pas originaires de Tabo mais peuvent donc ainsi rester à l’école et bénéficier de ses avantages. Ils ne rentrent chez eux que 2 jours par mois ; le bus de l’école effectuant des navettes afin de les ramener chez eux ou pour les récupérer. Plusieurs bâtiments sont aujourd’hui en cours de construction (1 internat filles – 1 internat garçons – 1 bâtiment pour le personnel) ou en projet (notamment 1 bibliothèque), toujours dans le but d’accueillir de plus en plus d’élèves. De fait, chaque année les effectifs deviendront plus importants puisque une nouvelle section se crée afin de subvenir aux besoins des plus anciens. Cela devrait se poursuivre encore pendant 2 ou 3 ans (jusqu’à la Class V ou VI).

Tout cela pourrait sembler bien agréable… Idyllique même dans un petit village perdu au fond d’une vallée himalayenne. Alors bien sûr, quand on gratte un peu, on s’aperçoit que tout n’est pas si rose. Le courant ne passe pas très bien entre le directeur de l’école, de qui je tiens ce discours, et les « chefs » du monastère. Et ce sont les responsables du monastère qui détiennent les cordons de la bourse. Résultat : manque de personnel (refus d’un second instituteur pour la Class II), et surtout manque évident de moyens matériels. Cahiers, livres, fournitures scolaires de base (crayons, stylos, feuilles, feutres, ciseaux, colle, peinture…), équipement des classes (tableau, craies, balais, poubelle…), sans même parler de matériel pédagogique, tout manque… Le problème, c’est que Tabo génèrerait de l’argent… 

La Serkong School de Tabo

De nombreux touristes s’arrêtent à Tabo pour visiter le monastère et surtout il y a les différentes associations qui « sponsorisent » l’école.

En tous cas, quelque chose ne va pas. Le froid qui existe entre Yeshi, le directeur de l’école, et Sangpo, le secrétaire du monastère, ne me semble pas profitable au bien-être des enfants. Même si ceux-ci présentent tous ici les signes du bonheur ! Je vais tâcher d’en savoir plus…

26/09/02

Lieu : Tabo

Une grande partie des enfants sont partis à Lori, un village distant de quelques km afin de recevoir la bénédiction d’un Rimpoché (chef spirituel du bouddhisme tibétain)…

Yeshi, le directeur de l’école m’expose ses griefs à propos de la gestion de l’argent des sponsors. Gros problèmes avec Sangpo qui refuse de lui donner l’argent nécessaire au bon fonctionnement de l’école… Je complète donc le texte d’hier… Rencontre avec Veronica, une suissesse qui travaille sur les dialectes de la vallée... Thé chez Yeshi, puis chez Tsering… Nuit étoilée ++ !

27/09/02

Lieu : Tabo

Il n’y a toujours que 3 instits présents ! (Y’a pourtant pas grève aujourd’hui… !) Pour moi, c’est plus facile ainsi… Il me suffit de choisir une classe sans instit, et de m’y installer… Ce n’est pas facile, surtout avec les plus petits… Je vais essayer de réaliser un trombinoscope des enfants de l’école… C’est pas gagné… 

Le medium de Tabo

Retour de Lobsang Dorjee, absent depuis mon arrivée… C’est un moine instit avec qui nous avions sympathisé il y a deux ans. « Défroqué » depuis 2 mois, il est cependant resté instit à l’école ! J’en ai profité pour poursuivre mon enquête à propos de l’école… Un second son de cloche parvient à mes oreilles… Peut-être plus crédible… En fait le monastère est loin de rouler sur l’or ; il serait même plutôt endetté… Et Yeshi, le « headmaster » aurait peut-être bien la grosse tête !

Après-midi festif ! Namkan, cérémonie païenne qui célèbre la fin des moissons… Je teste l’alcool local, bôf… , sinon le folklore est surprenant, notamment l’intervention du médium du village… Il s’en suivit une course de chevaux à travers le village et pour finir, les cavaliers essayèrent de renverser un petit monticule de pierres en lançant des projectiles. Nuit étoilée +++ !!

28/09/02

Lieu : Tabo

C’est samedi aujourd’hui. Les élèves de l’école ne portent pas leurs uniformes – pour cause de nettoyage - . Les cours n’ont lieu que le matin. L’après midi est consacrée aux révisions ou aux jeux… Mais à part des cailloux, il n’y a pas grand chose… Longue discussion avec une institutrice sur le mode de vie occidentale… Pas facile de leur expliquer que pour nous aussi la vie n’est pas toujours facile… A la fin des cours, je vais boire un thé avec Lobsang Dorjee… Il me confirme que Yeshi a tort de se plaindre… Lui aussi, il me parle de sa femme, trop exigeante… Ce soir je vais dîner chez les parents de Tsering…

… Je me suis permis d’inviter Lobsang et j’ai bien fait ! Les parents de Tsering parlent très mal l’English et Lobsang s’est avéré être un parfait traducteur et animateur. La glace a pu être brisée rapidement et ce fut une bien agréable soirée… En plus des parents et de la sœur de Tsering, il y avait sa tante maternelle ainsi que son petit bébé, et une copine de l’école. Nous étions donc 9, assis autour du poële, à déguster des chapatis (sorte de galette, équivalent à notre pain), du riz, et une sorte de soupe à la viande bouillie. Bien entendu, on ne mange pas tous les jours de la viande à Tabo… Et puis, bien sûr, il y avait du thé, sucré puis salé, des pommes – spécialité saisonnière régionale -, et les traditionnels biscuits. La soirée s’est prolongée tardivement et il est déjà tard… Demain c’est dimanche… Y’a pas d’école ! Chouette ! J’ai prévu d’aller m’isoler en haut d’une montagne surplombant le village…

Lobsang

Dimanche 29/09/02

Lieu : Tabo

Fantastiquissime ! Mais je suis claqué alors je vais me coucher… Demain y’a école !…

30/09/02

Lieu : Tabo

Il est 6h50. Un jeune lama vient de m’apporter mon thé, comme chaque matin. J’ai encore pas mal de temps avant de rejoindre l’école et j’en profite pour revenir rapidement sur ma balade d’hier… C’était vraiment le pied !… J’ai commencé à grimper juste avant que le Soleil n’émerge dans la vallée. 4 heures de « grimpette » dans des conditions plutôt dangereuses (pentes raides, pierriers instables, rochers à escalader…) et souvent difficiles, sans parler de la fatigue inhérente à l’altitude. J’en ai vraiment baver, adoptant un rythme pourtant tranquille. Je m’arrêtais au maximum tous les dix pas pour reprendre mon souffle, prendre des photos, ou admirer les paysages. Je suis finalement arrivé sur un point haut, d’où à partir d’une corniche, j’avais une vue exceptionnelle sur toute la vallée ! Le délire ! La corniche était ornée de drapeaux de prières et de petits monticules de pierres emplilées.

La vue était hallucinante ! Le vent qui claquait dans les drapeaux et les piaillements des oiseaux étaient les seuls bruits audibles. Quelle sensation étrange de dominer ainsi le monde des hommes alors que l’on ne peut que se sentir également que vraiment tout petit ! Je suis resté là plus de trois heures, jouissant des paysages qui se transformaient sans cesse suivant la course du Soleil. Montagnes aux sommets enneigés, ombres toujours en mouvement, rochers aux teintes les plus diverses, ciel bleu azur parcouru par quelques nuages d’un blanc immaculé, pentes vertigineuses et quelques plantes et fleurs… Tel fut le spectacle qui me fut offert pendant les trop courtes heures que je passais sur mon perchoir. Je ne savais même plus vers où me tourner. C’était magnifique dans toutes les directions où se portaient mon regard, et le spectacle était sans cesse changeant. 

Une vue hallucinante !...

Seuls les chèvres sauvages, les couples de choucas, de nombreux petits oiseaux timides, quelques insectes, et puis bien sûr, des aigles majestueux, vinrent rompre ma solitude… Et puis ce fut l’heure de redescendre. Je regrettai amèrement de ne pouvoir passer une nuit et une journée complète en cet endroit fabuleux. Mais il commençait à faire froid et je devais trouver un cheminement plus praticable pour redescendre. En fait, même pour la descente, ce fut assez « galère ». J’ai cependant eu la chance de voir un superbe renard à queue argentée. Il bondit bizarrement sur ses quatre pattes avant de disparaître rapidement derrière des rochers… Et je n’ai malheureusement pas eu le temps de le photographier…

Ce fut donc une journée d’exception… Et la fatigue me permit de passer une nuit tout aussi agréable, peuplée de rêves étranges…

Bon, il est maintenant temps pour moi de me préparer avant d’aller « travailler » !

Seul un instit était présent ! Lobsang Dorjee… Tous les autres sont absents pour convenances personnelles ou pour passer des examens. Ces examens leur permettraient d’aller travailler dans des écoles gouvernementales, et d’être bien mieux payés ! Car là, c’est sûr, y’a un gros problème… Avec un salaire moyen de 2000 Rs par mois, on comprend le manque certain de motivation et d’assiduité. Mon ami Lobsang est le moins bien payé. Avec 1000 Rs (23 €) par mois, il lui est difficile d’envisager l’avenir sous des cieux aussi cléments que ceux de Tabo. Même ici, ça fait quand même pas beaucoup… Et il a quitté les moines, il y a seulement 2 mois, pour s’acoquiner avec une jolie Spitienne ! Il n’est pas prêt de construire sa maison… Dans une école gouvernementale indienne, le salaire des instits s’élève entre 8 000 et 10 000 Rs. La Serkong Primary School demeure une école privée, administrée par le monastère du village. A ce titre, le recrutement des élèves et des instits, de même que le salaire de tous les employés de l’école dépendent du libre arbitre du monastère. Et le monastère est loin d’être aussi riche qu’il n’y paraît. Les touristes ne restent au plus qu’une nuit et les associations qui sponsorisent le monastère ou l’école sont loin d’être aussi prodigues que celles qui déversent leurs dollars sur Dharamsala (Je n’ai pas encore eu la chance de croiser Richard Gere dans les ruelles de Tabo). Enfin de toute façon je n’en sais rien… Je n’ai pas encore eu accès au livre de compte du monastère... Je constate simplement que les enfants ne sont pas malheureux. Ils sont nourris, plus que correctement, logés, dans un futur proche dans de jolis bâtiments tout neufs, blanchis, aux soins de la remarquable équipe de l’internat et instruits, dans la joie par les instits (quand ils sont présents !). Tout cela gratuitement… Sans même débourser 1 R !… Tous les matins, en arrivant à l’école, j’ai droit à une bonne centaine de « Good morning teacher » et à autant de sourires. La parole s’accompagne du salut traditionnel, les mains jointes comme pour la prière. Je mets un point d’honneur à y répondre, surtout pour les sourires. J’ai pour l’instant encore renoncer aux maternelles, me contentant de visiter les Class I, II et III. Je retrouve alors des enfants tout ce qu’il y a de plus ordinaires, certains tout aussi terribles que nos chers « têtes blondes ». Mais ce qui est magique, c’est qu’ici, j’arrive à les tenir 1h30 d’affilée grâce à l’encyclopédie Encarta 2000 ! On cherche à reconnaître les cris des animaux ! Magie de l’informatique au cœur d’une vallée perdue de l’Himalaya…

Après l’école, je me suis baladé dans le village. Les enfants, qu’ils soient de l’école ou non, me demandent de les photographier (toujours sans même me demander quoi que ce soit). Ils savent qu’ils ont le droit de se voir après sur le petit écran de l’appareil photo numérique. Et ça, ils adorent ! Les adultes aussi d’ailleurs ! Je peux difficilement faire plus de quelques pas sans être interpeller par un « Good morning teacher ! », plus rarement par un « evening »…

Aujourd’hui, c’était la finale de la « mini world cup » de cricket. L’Inde jouait contre le Sri Lanka, là où se déroule le match. Hier il pleuvait trop et la finale a été reportée à aujourd’hui. Comme d’habitude, il n’y avait pas de courant et les hommes de Tabo durent se contenter de suivre le match à la radio. A 17 h 50 environ, l’Inde menait 100 à 97…

01/10/02

Lieu : Tabo

Record battu ! Nous étions 5 instits aujourd’hui ! La journée a donc été plutôt calme. Après l’école je suis aller faire du cerf-volant sur l’hélibase. Pas moins de 40 spectateurs ! En fait, ils attendaient que je libère la place pour jouer au cricket ! J’ai un peu jouer avec eux, mais je ne trouve pas ça très intéressant. J’ai d’ailleurs pas encore tout compris ! Il va falloir que je m’y intéresse un peu plus. La finale entre l’Inde et le Sri Lanka a finalement été annulée, toujours à cause de la pluie. Les deux pays garderont le trophée pendant 6 mois chacun !

Demain c’est l’anniversaire de Mohandas Gandhi et il n’y a pas d’école ! Je vais pouvoir retourner sur les cimes environnantes. Je me suis renseigné afin de trouver un cheminement plus praticable et je vais donc essayer d’aller encore plus haut… J’espère revoir mon renard…

02/10/02

Lieu : Tabo

Suzy, une jeune - et jolie - allemande avec qui j’ai dîné hier soir au restaurant du Monastère, m’avait demandé si elle pouvait m’accompagner. Nous sommes donc partis vers 8 h après un mini breakfast (thé et pain tibétain). Mais cette fois, j’avais pris la précaution de me renseigner sur le chemin à suivre auprès de trois personnes - dont Punzok, le nouveau gérant du restaurant du monastère qui fait également office de guide -. Nous avions à peine commencé à grimper que le renard refit une furtive apparition ! Pas un nuage à l’horizon…

Sur les hauteurs...

La journée s’annonçait sous les meilleurs auspices. Et ce fut à nouveau une super journée. Nous voulions aller plus haut… Peut-être essayer de faire le tour de la montagne et de redescendre vers Lori, le village voisin de Tabo. Mais le sentier, s’il était relativement facile n’en était pas moins long. On a mis à peu près 3h pour rejoindre l’escarpement rocheux où j’étais monté plutôt laborieusement dimanche. Et le lieu est si magique que nous ne sommes pas montés plus haut ! (Et puis on était un peu fatigué !). Un aigle a tournoyé autour de nous et quelques congénères nous ont offert de splendides vols planés. Nous nous sommes amusés à nous prendre en photos et nous avons sobrement pique-niquer sur le rocher. Nous sommes redescendus tôt, car bien évidemment Suzy va repartir dès demain matin et elle veut visiter les « caves », des grottes millénaires où se trouvent de superbes peintures murales tout aussi anciennes. 

Cela fera déjà 10 jours demain que je suis à Tabo et il me semble être arrivé il y a seulement 2 ou 3 jours. Je n’ai même pas encore mis un pied dans le monastère. Mais je ne repartirai pas avant de retourner là-haut… Plus haut ?… Il y a cependant tant de choses à voir dans ce vaste pays que je ne vais pas tarder à reprendre la route. Peut-être même dès lundi prochain. Le col de Kunzum va fermer le 15 octobre, tout au moins pour les bus ordinaires, et j’aimerais visiter un peu la vallée avant de redescendre vers Manali.

Du haut de la montagne, j’avais expliqué à Suzy, comment il y a 2 ans nous avions traversé la rivière, et elle était désireuse de faire de même. Une fois revenu à Tabo (2 heures de descente), nous nous sommes arrêtés pour boire un chai (tchaï) dans un café-restaurant-ghesthouse-téléphone en face du monastère. Nous avons fait la connaissance de Mark, un Anglais ! Enfin ! Depuis que je suis en Inde et que je m’efforce de dialoguer dans la langue de Shaekespear avec les Indiens, les Tibétains, les Suisses et les Allemands, c’est le premier Anglais dont je suis amené à faire la connaissance. Je me rends compte que je me débrouille plutôt pas mal pour un « Frenchy » et miracle ! je comprends absolument tout ce qu’il me dit ! - C’est pas toujours évident de comprendre les Spitiens ! - . Enfin c’est un peu normal, car comme Suzy me l’a subtilement fait remarqué, les enfants de Tabo ne tarderont pas à parler l’Anglais avec l’accent français ! Mark s’est volontiers joint à nous pour traverser la rivière. On s’assoit dans une petite nacelle à roulettes suspendu à un cable et on traverse au-dessus des flots tumultueux de la Spiti.

C’était plutôt drôle il y a 2 ans par ce qu’il y avait une longue corde qui permettait de tirer la nacelle. Ce soir, il n’y avait pas de corde. A l’aller, pas de problème, la nacelle roule pratiquement jusqu’à l’autre rive. Mais au retour, c’est bien entendu le contraire et il faut se tracter en utilisant le cable. Nous avons vaillamment chacun effectué un aller-retour et nous sommes retournés à Tabo en coupant par l’école, où l’on s’est fait offrir le thé. Nous avons dîné copieusement de momos et discuté joyeusement jusqu’à la fermeture du restaurant (20 h !). La nuit était égale à elle-même, splendide, et nous sommes montés quelques minutes sur le toit de la guesthouse du monastère afin de clore harmonieusement cette journée. Demain matin, comme tout touriste qui se respecte, Suzy et Mark vont quitter Tabo, dans les deux directions opposées. Ils n’auront même pas le temps de voir le plus chouette des spectacles de la « Spiti Valley », le sourire et les chants des enfants de la « Serkong Primary School » de Tabo…

03/10/02

Lieu : Tabo

J’ai retrouvé Suzy et Mark ce matin pour le petit déjeuner. Je n’ai pas réussi à les convaincre de rester quelques jours de plus afin de venir « travailler » à l’école. J’ai donné à Suzy une disquette sur laquelle j’avais enregistré quelques photos et nous avons échangé nos adresses E-mail. Elle part pour le Bangladesh où elle va s’occuper d’enfants paralysés dans le cadre des « volonteers ». Mark va se diriger vers le sud et il se pourrait bien qu’on se retrouve dans le Rajasthan.

La journée à l’école s’est très bien passée. Les instits sont super sympas et on arrête pas de délirer sur Yeshi et sa femme ! Il y a un sacré fossé entre le directeur et tous les autres personnels de l’école. J’ai enfin réussi à terminer de photographier tous les enfants et je vais maintenant essayer de leur concocter quelque chose de bien. Après cette éprouvante journée de travail, j’ai essayé d’apprendre à Lobsang à se servir de l’ordinateur du monastère… 

Entre 2 pannes de courant, j’ai pu installer un logiciel de traitement d’images, et expliquer brièvement à mon ami comment l’utiliser. Je remets cela demain matin avant l’école. Je compte bien leur laisser un CD sur lequel je vais enregistrer toutes les photos prises pendant mon séjour et il serait dommage que personne ne sache l’utiliser…

J’ai également sympathisé avec un sculpteur sur bois, Tashi, qui réalise de magnifiques objets (meubles, boîtes à encens, sculptures…). J’ai pu photographier les dessins qui permettent de réaliser les tankas (peinture sur toile) qui répondent à des normes géométriques très strictes, notamment pour représenter le bouddha. Il est en train de travailler sur une sculpture et il souhaite me l’offrir. Même pas besoin de marchander ! Finalement, on peut obtenir beaucoup avec un simple sourire. Encore une journée bien remplie et qui va s’achever encore très rapidement…

Tashi

04/10/02

Lieu : Tabo

Pas facile de déjeuner tout seul… Un hamburger spitien accompagné d’un verre de thé. Comprendre une omelette dans une galette de pain tibétain et la boisson nationale, le « chai », du thé avec beaucoup de lait et très sucré. Il est 8h00 du matin et je dois être le dernier « occidental » présent dans le village. Heureusement, tout ceux que je croise me gratifient de chaleureux sourires… « Bonjour ! », « Jule ! », « Tashi Delek ! », « Namaste ! », « Good Morning ! », « Hello ! »…, je crois bien n’avoir jamais autant souhaiter de bonnes journées à autant de gens en si peu de temps. Bon, je suis installé en terrasse (au beau milieu de la place principale du village) et il y a beaucoup de passage. Et puis ça fait un petit moment que je traîne mes pieds dans le village et je commence à être connu et reconnu. Mais voilà Lobsang, prêt pour affronter l’ordinateur… Le matin, en général, il n’y a pas de coupure d’électricité et on va tâcher d’en profiter avant l’école…

Journée tranquille… Pas de coupure d’électricité de toute la journée ! – enfin si, mais juste une heure !, ce qui est un record ! – … J’ai mis le turbo aujourd’hui pour achever mes projets (trombinoscopes des élèves présents de l’école et montage diapos) et le résultat est plus que positif… J’ai croisé un couple de touristes cet après-midi. Je crois bien que c’était des Français ! Mais j’étais le seul au restaurant ce soir… J’ai dîné de momos fris et d’une soupe de pâtes… Le sculpteur est venu partager ma table. Je crois deviner qu’il se sent un peu seul. Il me semble un peu simple d’esprit et j’ai vraiment beaucoup de mal à comprendre son anglais… Il allume un « beedi » avec une allumette. J’en profite pour lui proposer quelques énigmes. En quelques minutes, le jeune serveur (qui va à l’école), le cuisinier, le gérant Punzok et un couple d’Indiens touristes se joignent à nous. Le poisson, la voiture, les triangles et les équations numériques nous permettent de communiquer facilement et de rire également…

On est déjà vendredi… Ce ne sera pas facile de quitter Tabo. Rien qu’à l’idée de refaire mes sacs et de m’embarquer pour une vingtaine d’heures de bus, je me dis que passer un hiver ici doit être une sacrée expérience ! Mais bon, il va bien falloir que je bouge… Il ne me reste plus que quelques photos à prendre pour achever la présentation diapos de l’école. J’ai proposé au « headmaster » de m’aider pour les commentaires, mais j’ai rapidement compris que j’en avais appris bien plus sur l’école qu’il n’en savait lui-même ! A mon avis, il prend son rôle beaucoup trop au sérieux, avec sa cravate et ses chemises repassées ! Toujours est-il que ce que j’ai fait lui semble parfait ! Et bonjour la nouvelle couche de pommade ! D’ailleurs j’en ai bien besoin, car après mes deux escapades en montagne, je suis bien cramé !

Bon, je vais faire un petit tour sur le toit et puis j’irai me coucher…

05/10/02

Lieu : Tabo

Journée photos et enregistrement de chansons à l’école… Tous souhaitent m’inviter avant mon départ et à moins de le repousser – ce qui me tente vraiment -, je ne sais pas comment faire pour « faire honneur » à chacun. Ce matin, j’ai pu montrer les photos à Geshela et Sangpo, les maîtres spirituels du monastère. Et ce soir, je dîne avec eux ! (Cf photo) Je me suis permis d’inviter Detchen, un autre moine défroqué qui travaille à l’école en tant que superviseur de l’internat… J’espère qu’il va venir, sinon la conversation risque d’être limitée ! A part ça, c’est toujours la tempête de ciel bleu… Même si la température commence à descendre rapidement… Au soleil, on cuit… Et à l’ombre on caille !

Tabo - 05/10

Soirée super sympa… Et bonne bouffe ! J’étais quand même un peu gêné… Ce ne devrait pourtant pas être plus redoutable que de manger avec le curé du village… Je remercie Detchen pour sa gentillesse et ses talents de traducteur, et le cuisinier de Geshela… Rien d’extraordinaire : des momos, des lentilles, des légumes et surtout le meilleur riz que j’ai mangé depuis que je suis en Inde ! Et question riz et lentilles, je suis incollable ; c’est le plat quasi quotidien des enfants (et de tout le personnel) de l’école. Et encore… Je me suis retenu, refusant poliment de me resservir une troisième fois… Sinon j’y serais encore !

En ce qui concerne les enfants de l’école, - ce qui me semble beaucoup plus important que mon ventre -, il n’y a pas de soucis à se faire. Cela semble bien être la priorité du monastère. Même si l’avenir n’est pas encore totalement planifié, les ambitions sont grandes. La scolarité devrait pouvoir se poursuivre pendant plusieurs années au-delà de l’équivalent de nos écoles élémentaires. A l’issue, les élèves volontaires les plus brillants auront l’opportunité de poursuivre leurs études à la capitale (Dharamsala). En bref, je m’aperçois maintenant qu’on a essentiellement parlé de l’école… Je me promets d’aborder la prochaine fois des sujets plus intimistes avec ces hommes qui ont renoncé à bien des plaisirs (charnels ?) pour se consacrer à la vie monastique. Mais contrairement à ce qu’on peut trouver chez nous - du moins je le crois - , les moines jouent un rôle social essentiel dans le village. Ils en constituent d’ailleurs le pilier. Et Geshela et Sangpo sont incontestablement les deux hommes les plus importants du village. Les habitants de Tabo vouent une adoration sans borne pour leur vénérable Geshela, 83 ans. Derrière ses épaisses lunettes (elles sont sur la table sur la photo), le vieux bonhomme rayonne d’une joie simple et sereine. Il a du en voir des choses en 83 ans ! Chaque matin, je vais le saluer en arrivant à l’école. J’arrive régulièrement vers 9h00 (avant les instits, et le « headmaster » qui n’arrive qu’à 9h32), et invariablement je croise Geshela et Sangpo qui font leur tournée d’inspection quotidienne. Encore que Sangpo vient nous voir, et surtout visiter les chantiers, plusieurs fois par jour. Sangpo est un homme peu souriant et peu bavard, ce qui lui donne un air particulièrement sérieux. Il a une façon étrange d’accrocher notre regard, un peu comme s’il essayait de lire nos pensées. Mais il sait également se montrer particulièrement jovial. On a même parfois tous rigolé ensemble ! En fait je suis persuadé que c’était moi le plus coincé des quatre… Sangpo est en quelque sorte le bras droit de Geshela, son conseiller, et semble t-il sa tête pensante. Je crois cependant que Sangpo n’a aucune distinction particulière dans la hiérarchie monastique et qu’il ne serait qu’un simple moine.

Dimanche 06/10/02

Lieu : Tabo

Je pensais retourner dans les hauteurs mais le ciel était particulièrement nuageux et la température guère clémente… En plus j’ai le visage brûlé et entre deux nuages, le soleil demeure impitoyable. J’ai donc passé une bonne partie de la journée à l’école, achevant mon travail. J’ai également joué au karam (sorte de billard, sans queue, ni boules, mais avec les doigts et des jetons) avec Detchen et les cuisiniers. J’ai essayé de les initier au freesbee sans succès. Entre deux dessins animés, nous avons testé le basket avec les enfants. Ils sont encore un peu petits et ça a bien failli tourner au pugilat ! Plus tard, deux maîtresses sont venues nous rejoindre et on a fini par faire une « passe à dix ». On était au moins une cinquantaine à jouer !

Avant de venir à l’école, j’ai enfin pris quelques minutes pour faire des photos du monastère. C’est la première fois depuis mon arrivée à Tabo que j’y mets les pieds ! Dommage que je ne puisse pas prendre des photos à l’intérieur des temples… Les fresques y sont magnifiques. J’y retournerai ce soir quand la lumière sera plus intéressante. Ensuite j’irai chez Tsering pour boire le chai et très certainement leur faire mes adieux. Les nuages sont aujourd’hui si impressionnants que j’ai bien peur de rester coincer ici si la neige commence à tomber. Ou bien il me faudra faire un long détour le long de la frontière tibétaine (chinoise ?). Et ce soir, c’est avec les instits que je suis invité à dîner.

 

Les instituteurs...

07/10/02

Lieu : Tabo

Le ciel bleu a repris le dessus et si les nuages ont été chassés par le vent, il en reste un énorme… Celui sur lequel je demeure depuis mon arrivée à Tabo. Je prolonge finalement mon séjour de quelques jours. Aujourd’hui, le « headmaster », Yeshi, les instits, Lobsang, Sneh, Rajni et Sonam, ainsi que tout le personnel avaient organisé une petite fête en mon honneur ! C’était vraiment super sympa ! Avant cela, j’ai montré le montage photos que j’ai réalisé à toutes les classes, ainsi que leurs portraits respectifs. Certains enfants avaient amené à l’école leur costumes traditionnels et j’ai eu droit aux chants et danses de la vallée. 

C’était la première fois qu’une telle fête avait lieu à l’école – réunissant tout le monde – et j’ai soumis l’idée à Yeshi de faire de même une fois par mois. Il a fallu que je leur chante une petite chanson et « A la claire fontaine » a eu un succès inégalé.

Plus tard dans l’après-midi, je suis parvenu à discuter un peu avec Sangpo, lors d’une de ses inspections à l’école. Je voulais lui demander l’autorisation d’utiliser l’imprimante du monastère, changer un peu d’argent, et surtout obtenir son feu vert pour prendre des photos à l’intérieur des temples du monastère. Toutes mes requêtes ont été acceptées ! Demain matin, à 6h15, je vais donc participer à la « puja », et à l’issue, je vais pouvoir photographier ces sanctuaires millénaires – ce qui est habituellement formellement interdit ! -. Je vais donc pouvoir peaufiner un autre montage photos, cette fois pour le monastère. Et puis j’ai commencé à brancher Sangpo sur le bouddhisme. Il s’est alors montré particulièrement bavard ! Je regrette de ne pas avoir profité de mon précédent dîner pour aborder le sujet… Ce soir, Tashi, le sculpteur sur bois, m’a tenu compagnie au cours de mon cinquième repas de la journée. Il m’a offert une superbe sculpture de Tara, maîtresse de l’illusion, sur laquelle je l’ai vu travailler ces trois derniers jours… J’espère néanmoins ne pas recevoir trop de cadeaux… Je vais rapidement être en surcharge !

En rentrant, je suis monté sur le toit admirer le ciel étoilé de Tabo. J’ai bien peur que la suite de mon voyage ne soit bien décevante après une telle expérience. Mais je dois partir… Sinon je reste bloqué jusqu’à Juin et je ne suis pas équipé pour passer l’hiver à 3000 mètres ! La voie lactée traverse la vallée de Spiti perpendiculairement. Detchen m’a raconté que quand il était petit, les soirs d’été où il dormait sur le toit de sa maison, il essayait de compter les étoiles. A vue de nez, je dirais quelques milliards ! De toute façon, mon visa expire en mars… Et puis je suis persuadé que l’Inde n’a pas fini de me réserver des surprises. J’ose à peine imaginer ce spectacle par une nuit de pleine lune… Quand je pense qu’il va falloir que je retourne « sous le nuage »… En fait, je n’aurais sûrement pas le temps de tout voir. Quand vous lirez ces lignes, – si toutefois j’arrive à vous les envoyer – je serai à Dharamsala. La densité des étoiles est telle qu’il me semble impossible de pouvoir repérer la moindre constellation. Par la suite, il y aura certainement le Rajasthan, notamment Pushkar où se tiendra la fameuse foire aux chameaux, du 12 au 19 novembre. Il paraît que les touristes ont déserté la région et annulé leurs réservations… Seule la « Milky Way » demeure particulièrement visible. Après, si vous imaginez que je vais passer le réveillon sur les plages ensoleillées de Goa, et bien vous vous trompez ! Je serai à l’exact opposé, à Bodhgaya (Bihar), la ville où se trouve le banian sous lequel Gautama Bouddha atteignit l’Eveil… Et encore, du fond de la vallée, la voûte céleste est limitée par les montagnes. Leurs cimes obscures se détachent clairement… Lors de mon prochain séjour, il faudra vraiment que j’aille dormir sur le « perchoir ». Je rejoindrai Bodhgaya en descendant le Gange en bateau… Et ce n’est certainement qu’un bref résumé de ce qui m’attend…

08/10/02

Lieu : Tabo

Le temps se gâte… De sombres nuages sont arrivés au dessus de la vallée et le vent souffle maintenant dans la direction opposée. En plus, il commence à faire vraiment froid. J’ai bien fait de prendre une polaire. Lobsang et Detchen m’ont demandé de leur procuré des manteaux chauds. Ce n’est pas avec ce qu’ils gagnent qu’ils auront de quoi se couvrir cet hiver… Ni même l’hiver prochain ! Je verrai si je trouve quelque chose sur Manali ou Dharamsala. Le problème principal que je commence à me poser, c’est le problème du fric… Inutile d’espérer trouver un DAB ailleurs qu’à Delhi ou des autres grandes métropoles. Il va me falloir entamer ma réserve de liquide, d’autant plus que j’aimerais apporter ma modeste pierre dans les ambitieux projets du monastère.

Il faisait pourtant beau ce matin. Réveil donc à 5h45 dans le but de me joindre aux moines à l’occasion de la Puja. Je descends dans la froidure matinale à 6h10… Les prières devant commencer à 6h15. Personne ! Et il fait vraiment froid… Je fais le tour des temples… Un chien et une vache… Je reviens vers la salle principale du monastère. Un vent glacial me cingle les joues. Des clochettes, des gongs et des trompes résonnent dans le village encore endormi. Les rayons du Soleil ne parviendront pas au fond de la vallée avant une demi-heure. Lobsang m’a dit qu’en hiver, le Soleil ne dépassait même pas les cimes des montagnes… Il n’y a toujours personne dans le monastère ! Je retourne vers ma chambre. La puja avait lieu dans le nouveau monastère ! Juste à côté de ma chambre ! Une vingtaine de paires de chaussures ont été déposées devant la porte désormais close. J’entends les prières rauques et répétitives des moines, ponctuées des tintements des clochettes. Trop tard pour la puja… Tashi, le sculpteur, m’invite à boire le chai. J’accepte volontiers.

7h15… L’apparition de l’astre chaleureux dans le ciel bleu de Tabo semble donner le signal du réveil. Je remonte dans ma chambre pour prendre de quoi photographier les temples de l’ancien monastère. J’aborde un jeune moinillon, gardien des clés pour la journée. Pas facile… Les temples sont vraiment trop sombres. Il me faudrait au moins une matinée complète pour en faire le tour correctement tout en ayant un matériel adapté. Et le jeune moine semble s’impatienter…

8h10… Petit déjeuner ensoleillé sur la terrasse de la place du village.

8h50… Je suis à l’école. La salle où déjeune les instits est devenue mon bureau. Il y a une grande table. Je termine la présentation diapos et le trombinoscope par classe (des enfants absents jusqu’à aujourd’hui on fait près de 50 km pour se faire photographier…). Les photos prises ce matin dans les temples ne sont malheureusement pas toutes réussies. Lobsang m’aide à reconnaître les filles des garçons de notre trombinoscope. Ils peuvent avoir le même nom et pour les plus jeunes, j’avoue que j’ai du mal à distinguer les filles des garçons !

Après la pause thé, j’invite la Class III à une séance d’émerveillement. Cette fois, je bidouille avec l’Atlas Encarta 2000… Merci Bill !

Tsering et sa soeur

Cet après-midi, nous sommes allés imprimer les trombinoscopes avec Lobsang et transférer les photos dans l’ordinateur du monastère. L’imprimante n’est pas terrible (pourtant récente). Sangpo qui fit une brève apparition en fit le commentaire suivant : « Better something, than nothing ! »… On a donné les tirages à Geshela et changer le fond d’écran de l’ordinateur en mettant une photo des enfants de l’école…

En sortant du bureau, le ciel était chargé de nuages sombres… Mon départ approche… Nous sommes allés dîner chez les parents de Tsering… Bonne ambiance… J’ai notamment été promu chef des chapatis…

Je compte partir après-demain…

09/10/02

Lieu : Tabo

Dernier jour à Tabo… Le seizième… C’est avec un pincement au cœur que je vais partir. Je me suis fait beaucoup d’amis et tous ont vraiment été super sympas avec moi… Je pars avec de merveilleux souvenirs et les sourires des élèves de la Serkong Primary School resteront présents encore longtemps tout au long de ma route… J’ai passé la journée sur la place du village à boire des « chai » en compagnie de tous ceux qui daignaient s’arrêter. Ils furent nombreux !

Ce soir, Detchen m’a changé l’équivalent de 9000 Rs (200 €) et j’ai fait un don d’autant à Geshela, à qui je suis allé faire mes adieux. Je compte bien faire un petit montage sur CD sur le monastère… Et pourquoi pas le commercialiser à Tabo au profit de l’école… J’ai invité Detchen à dîner et nous nous sommes retrouvés chez sa sœur. Il m’a montré ses albums photos… Sa vie de moine était certainement plus mouvementée que sa vie actuelle. J’ai eu droit à quelques confidences, et même au privilège de jeter un œil sur le portrait de l’élue de son cœur…

Bon… Je dois faire mes sacs… Rendez-vous à Kaza…

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