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Chapitre 2 (5/5)

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(du 06/12 au 14/12)

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06/12/02

Lieu : Jaisalmer

Départ de notre hôtel ce matin à 7h00… On quitte Jodpur sans regret… 7h30 on roule vers notre dernière étape au Rajasthan… 300 km… Jaisalmer, aux portes du désert de Thar… à 25 km du Pakistan… Pour ne rien changer à nos bonnes habitudes, on effectue le voyage en cabine. La route est rectiligne et le paysage de plus en plus dénudé. Cette fois le conducteur et le placeur du bus nous ménagent… Nous ne serons jamais plus de huit dans la cabine (ça fait quand même pas beaucoup de place pour étirer ses jambes…). On s’arrête comme d’habitude de nombreuses fois… On en profite pour s’offrir notre petit déjeuner sur la route… Bananes, petits gâteaux secs (les « monacos » d’Hélène entre autre…), des petits trucs croustillants salés et épicés, et notre inévitable chai. 6h00 de voyage… Nous avons croisé pas mal de militaires… Et ce même plus tard à Jaisalmer.

On se fait aborder par un jeune homme, qui nous propose de nous accueillir dans son hôtel… Prévenus par les guides de ce genre de procédé douteux, on accepte néanmoins ses services. L’hôtel est sympa, un peu bruyant… On fait un tour en ville… Plutôt sympathique… Si les façades ne sont pas peintes, c’est par ce que la plupart d’entres elles (plutôt quelques-unes) sont finement ouvragées. Joli spectacle si l’on arrive à faire abstraction des terribles fils électriques. Au cœur de Jaisalmer se trouve la citadelle.

On se contente ce soir d’en faire le tour et de prendre quelques photos… Plutôt tranquille…

On se renseigne pour faire un éventuel safari en chameaux dans les dunes du désert à une trentaine de kilomètres… Rien ne nous presse… Hélène finit par craquer devant quelques bijoux. On reste plus de deux heures dans une bijouterie. On y est entré pour une belle boîte à bijoux, on en est ressorti avec une vingtaine de chaînes, bagues et bracelets… mais pas la boîte…

Dans les rues de Jaisalmer...

 Affaire à suivre… Le savant bijoutier, ne jurant que par son kharma, nous a tout de même joué la lecture dans la paume de la main… Il nous avait enfermés derrière un rideau dans son échoppe et nous a fait jurer en sortant de ne dire mot à quiconque de nos transactions commerciales…

Jaisalmer, en dépit d’un temps venteux et brumeux, nous apparaît sous de bons auspices. Nous sommes au bout de la route… Aux portes du désert…

07/12/02

Lieu : Jaisalmer

Journée tranquille qui a encore filé très vite. Les nuits sont encore fraîches ici. J’ai même dû attraper une petite crève… Je me sens un peu cotonneux… Rien à voir avec l’intense fébrilité d’Hélène qui a passé la nuit à rêver de bijoux… Mais c’est de bon cœur que j’accompagne mes amis au cours de leurs emplettes. J’assiste en témoin passif aux discussions animées. J’assure parfois la traduction et j’en profite pour faire mon curieux auprès des vendeurs… Michel et Hélène s’avèrent de farouches négociants même si les prix annoncés nous semblent ici beaucoup plus intéressants d’emblée qu’ailleurs. Aujourd’hui, nous avons essayé de ne rien acheter… Juste de voir, de comparer et de marchander… Difficile cependant de ne pas céder aux tentations… Et les vendeurs sont habiles… Et Hélène insatiable…

Pas de folie cependant… Pas encore… J’ai quant à moi réussi à échanger mon gros « Hitch-Hiker » contre un petit fascicule sur les symboles hindous dans la seule librairie de la ville… J’y gagne au moins en volume et en poids… Nous avons également visité quelques beaux bâtiments aux façades sculptées (des « havelis »)… Superbes demeures sur plusieurs étages, cour centrale généralement occupée par des marchands (encore !), balcons et fenêtres dont la pierre est finement ciselée… Certaines pièces sont encore aménagées selon l’époque « maharadjanesque ». Ce ne serait peut-être pas désagréable de vivre dans de tels palaces… Un des marchands vend des jeux d’échecs… Jusqu’à 22 000 Rs… 400 €… Il me montre sa collection… 22 000 Rs, c’est que pour les pièces… Un beau plateau, c’est minimum 5 000 Rs. On en profite pour marchander quelques bijoux et une jolie boîte (à bijoux, il va sans dire…). On obtient des prix inférieurs au bijoutier de la veille… Escroquerie ?… Mais on n’achète rien… Dans le magasin suivant (tant qu’on y est…), mes amis craquent sur des châles… Ils en font emballer une dizaine… Et n’achètent toujours rien ! Chat échaudé craint l’eau froide… Bien leur en prend… Là encore les prix étaient alléchants. Mais ce soir en se rendant chez notre bijoutier de la veille, pour récupérer les bagues, collier et bracelet d’Hélène, on apprend que ces étoffes ne valent pas la moitié des prix demandés par le vendeur… Et notre « ami » bijoutier qui nous la joue Maharadjah lorsqu’il s’adresse à Michel, détenteur du porte-monnaie magique, nous fait encore un rabais sur le prix des boîtes ! Du coup on en prend 3, une grande, une moyenne et une petite (cadeau !)... La somme est malgré tout rondelette… Mais le commerçant nous la joue « j’ai besoin d’argent pour demain… pour nourrir ma famille qui n’a même plus de couverture et presque plus de riz… »… On en pleurerait… Michel continue à jouer le jeu et reste de marbre devant le marchand… Il ne comprend pas l’anglais ! Le veinard… Devant la baisse des prix continue, Michel finit par sortir le porte-monnaie… Le dialogue entre Michel, promu meilleur Paparadjah de Jaisalmer, et le vendeur sans scrupule se déroule via l’écran de la calculatrice. Conversion en euros, puis en francs, à nouveau en euros… Finiront-ils par manquer de liquides et à utiliser leur carte bleue ?

Le fort de Jaisalmer...

Bon je me moque un peu… En fait ça fait passer la journée beaucoup plus vite ! Car de la ville, on peut en faire le tour en une demi-heure… Quant au Fort dont nous avons franchi les portes en fin d’après midi, rien qu’un quart d’heure suffit ! Et puis ça me donne l’occasion de discuter avec pleins de gens (des marchands essentiellement !) et j’en apprends un peu plus chaque jour… Ce pays est fascinant… On a même croisé l’homme à la moustache la plus longue du monde (?)… Il la conserve précieusement enroulée sur elle-même sous un masque… Pour 10 Rs, on peut le prendre en photo… pour 50 Rs, il déroule sa moustache ! Mon « éditeur », Tardus, m’a demandé si je ne suis pas un peu nostalgique de ma terre natale… Je vous réponds sans hésiter que les seules choses qui me manquent vraiment, ce sont vos sourires… Bientôt la solitude du désert…

Dimanche 08/12/02

Lieu : Jaisalmer

Copieux petit-déjeuner sur une terrasse avec vue sur le fort… Visite des temples jainas de la forteresse… Et shopping… Record archi battu aujourd’hui… Plus de 6 heures dans les échoppes !… Et pas une roupie déboursée… Ah si… J’ai acheté une poupée réversible pour ma grand-mère… Que j’embrasse très fort si toutefois elle parvient un jour à lire ces lignes… D’un côté une maharani et de l’autre un maharadjah… Très joli ! Seulement 100 Rs… Une affaire… C’est pas encombrant, léger, et surtout très joli… Je l’ai achetée dans la rue, sans même en discuter le prix… 100 Rs, ce n’est vraiment pas beaucoup… Dix mètres plus loin, sur le même étalage juste à côté, un autre jeune vendeur me propose la même, plus grande, pour 50 Rs ! Je me marre ! On est en Inde !

Le fort de Jaisalmer...

On commence par visiter 5 temples superbes. Entrée 10 Rs… Plus 50 Rs avec appareil photo ! L’avantage du numérique est alors évident… J’ai pris près d’une centaine de photos… Les temples sont dédiées à des divinités tristement inconnues représentées sous l’aspect traditionnel du bouddha… On en trouve des centaines, enfermés dans des enclaves du mur extérieur. La cour centrale n’est pas très grande (20 x 20 m environ ?). Et au centre, l’édifice où se trouve la divinité principale. Comme au Dilwara de Mt Abu, du sol au plafond, piliers et murs sont ornés de superbes sculptures… Je compte bien y repasser quelques heures demain…

Et puis nous sommes restés plus de 4 heures cet après-midi dans le même magasin… Le vendeur de broderies, patchworks et châles parlait couramment le français… Et s’étaient même rendu à Cap-Breton ! (Salut au Dauphin !) Michel s’est un peu vengé des longues heures de palabres chez les bijoutiers… Lui qui aime raconter des histoires… Même le vendeur, Gopa, finira par s’allonger sur ses tapis et écoutera les anecdotes et aventures de Mit’ch ! On en apprend également un wagon sur le tissage, les différents tissus, coton, laine, soie, synthétique, les 84 façons de tisser, les patchworks, les « antiquités » - rarement très vieilles, d’ailleurs… 50 ans maximum -, les villages environnants, l’enfance de Gopa - vendeur de canettes à 14 ans, détenteur d’un solide capital aujourd’hui -, et sur le fonctionnement des groupes électrogènes… 4 heures… Plus de 4 heures même, plus tard… On en ressort… les mains vides !… 

On s’est quand même fait offrir le chai !… Et je vous jure que je ne me suis même pas ennuyé… C’est Hélène qui a craqué la première… D’autres idées d’achats en tête…

Ce fut donc une journée culturelle, placée sous les auspices de Sambhavant et Copa… Thali rajasthanais sur une terrasse d’un hôtel restaurant avec vue sur le fort (éclairé la nuit) pour clore la journée. On se laisse tenter par un organisateur de « safari » en chameaux dans le désert, Bilal… Départ après demain matin…

Et puis bien sûr, on n’a pas échappé à notre rendez-vous quotidien chez notre bijoutier préféré ! Demain on ira chez son frère pour voir les châles…

09/12/02

Lieu : Jaisalmer

7h10. Le Soleil apparaît, illuminant l’horizon. Nous sommes prêts… Juchés sur le toit d’un temple d’où la vue est la plus belle. Ce soir je me dis que c’est un peu comme si un japonais grimpait en kimono sur l’église de Chépazoux pour prendre des photos du coucher de Soleil… Improbable et choquant ! Je ne le referai plus… Ou alors j’enlèverai d’abord mes chaussures… Résignation… Mais avec Michel, c’est toujours la chasse à la belle photo. La vue est vraiment superbe… Presque personne… On est vraiment étonné… La vie ne reprend qu’après le lever du Soleil…

Le lac de Jaisalmer...

Même les marchés n’ouvrent que tardivement. La nuit, il ne fait pas chaud et les matinées sont très fraîches. Il vaut mieux rester sous la couverture jusqu’à ce qu’il fasse meilleur. Cela évite de consommer de l’énergie pour se chauffer. Bien sûr pour toutes celles et ceux qui n’ont qu’un bout de carton en guise de couverture et le ciel étoilé comme toiture le problème se pose différemment.

On change d’hôtel pour une résidence spartiate juste à côté des portes de la ville. C’est avec le propriétaire de chameaux associé à l’hôtel que nous allons goûter au plaisir d’une nuit à la belle étoile dans les dunes du désert de Thar… ça promet… Bon il faut que je vous raconte… Entre Michel et Hélène c’est la guerre froide… Trop de bijoux… Je sens qu’il va me falloir revêtir mon Casque Bleu… Bon c’est vrai que le vendeur nous montre un peu n’importe quoi… C’est normal… A 10 Rs le gramme, on ne risque pas de trouver une perle rare… Fort heureusement pour les roupies de papa, la frénésie d’Hélène a cessé… Juste une dizaine de pendentifs et divers autres bijoux… J’en ai profité pour photographier une superbe Kali à 10 bras… Notez son joli collier et sa petite jupe… Elle terrasse Shiva le destructeur… Dans ses rêves uniquement… Mais c’est une toute autre histoire…

On a encore erré dans les ruelles commerçantes de Jaisalmer. Mes amis rentrent en France un peu avant les fêtes et ils ont à cœur de faire des cadeaux à tout le monde. C’est pas si désagréable de faire les boutiques… A condition d’être très prudent… On a vite fait, trop vite fait même, de sortir le porte-monnaie… La tentation est à tous les coins de rue et les vendeurs hyper expérimentés ! … et malins ! On a fini par se balader sur les remparts du fort… Les toilettes municipales… On est passé assez rapidement… Chien crevé… Odeur désagréable… Excréments humains et animaux… Déchets divers… Chiens errants… Vache perdue…

Ce soir, après le dîner, on a un peu discuter avec le cuisinier du restaurant de l’hôtel… On est dans un hôtel très bon marché… Le cuisinier gagne 2000 Rs par mois… Somme dont il envoie la totalité à sa famille (4 sœurs, 4 frères) dans un village rural en bordure du désert. Tous sans emploi… Sécheresse oblige… 2000 Rs… 40 €… Un bon resto en France… Quelques bijoux ou tapis en Inde… Également de quoi faire y faire vivre une famille de 10 personnes pendant un mois… Notre cuisinier m’a l’air néanmoins beaucoup plus sympathique que tous ses chacals de commerçants pour touristes… Départ demain matin à 7h30. 45 Km en jeep… Avant le désert et ses vaisseaux…

10/12/02

Lieu : Jaisalmer

Dans le Silence du Désert…

On fait le plein et on repart...

 

11/12/02

Lieu : Jaisalmer

Je n’avais bien sûr pas pris mon portable hier dans le « désert »… Juste mon cahier où j’ai pris quelques notes… Voici donc le compte-rendu de notre « camel safari », ou randonnée à dos de camélidés dans les environs de Jaisalmer… -Je rédige ces lignes à la lueur de bougies… Mes voisins viennent de faire sauter les plombs !…-

Tout a mal commencé… Dès avant notre départ… Alors que nous avions commandé de l’eau chaude pour 6h30 afin de pouvoir nous doucher… Pas d’eau chaude… Notre organisateur de safari, Bilal, nous avait prévu un départ pour 7h30… On a quitté Jaisalmer avec près d’1 heure de retard… Michel rumine de sombres pensées… Bilal nous avait dit que nous ferions près de 40 km en jeep afin de nous rapprocher du vrai désert de sable (avec rien que des dunes à perte de vue…)… Nous n’avons pas parcouru plus d’une dizaine de km… Et en guise de dunes de sable, ce n’est que rocailles, ruines, cactus et arbustes rabougris et épineux… Nous avons chevauché nos montures pendant près de trois heures ce matin. Patang (cerf-volant), Mickaël Jackson (quel nom étrange !) et Kalu (ma propre monture) et le dromadaire que se partagent nos deux guides-chamelier se suivent sur les pistes rocailleuses selon un rythme lent et saccadé. Toujours pas de dune à l’horizon… Mit’ch est de plus en plus morose…

Il est maintenant environ 13h30… Nous nous sommes arrêtés afin de déjeuner en ce premier jour de raid dans le désert de Thar à dos de méharis à 1 bosse, plus communément appelés dromadaires… La pause est la bienvenue… Légumes bouillis et chapatis au menu… En apéro un chai à base de lait en poudre (déconseillé…) et des sortes de trucs qui croustillent de toutes les couleurs… Le dialogue avec nos 2 guides-chameliers n’est pas facile. La bouffe est super épicée (pimentée !)… On fait une petite sieste à l’ombre jusqu’à 17h00. Notre lieu de bivouac final n’est qu’à ½ heure de dromadaire… Ouf ! Mes fesses doivent avoir la couleur du cul des singes de Mandi ! J’ai beau multiplié les prouesses acrobatiques pour varier les positions… Mes cuisses menacent de crampes ! Quant aux dunes… Si nos magiciens-chameliers-guides nous en trouvent en ½ heure, de sous leurs turbans (ils n’en ont pas d’ailleurs… Tant pis pour la photo…), je leur tire mon chapeau (!)… Pourtant… Après une nouvelle interminable chevauché (?), on arrive bien en vue d’une belle dune de sable… 150 mètres de long… 60 mètres de large… Tout autour, c’est le même paysage aride que nous connaissons bien maintenant. Il y a même des parcelles cultivées qui attendent les pluies… On ne s’est pas bien compris sur le sens du mot « désert » !

A peine débarqué, on part chacun de notre côté… Sans échanger un mot… Je traverse la dune à pieds en moins de 3 minutes… Bon… On s’est encore fichu de nous… Le coucher de Soleil est beau… On se retrouve au bivouac… Bien entendu, on n’est pas tout seul sur notre « dunette »… On devait être au moins 3 équipées sauvages et solitaires à se la partager ce soir !

Dîner… nos guides nous ont concocté des chapatis, des légumes bouillis dans une sauce vachement épicée (pimentée !!)… Je vous laisse deviner le contenu de l’apéro. Mit’ch a acheté des bananes et des pommes. J’ai omis de dire que déjà ce midi les chapatis avaient la consistance de galettes (2,3 et c’est la sieste…). Nos chameliers-cuisiniers nous servent ce soir de véritable chapati-pizza… Il fait plutôt froid… Un jeune vendeur de boissons fraîches chimiques (dont je tairais les noms) s’est joint à nous pour la veillée autour du feu et partager notre repas. L’un des chanteurs-cuisiniers-guides-chameliers parlent bien l’anglais… Il est encore tôt… On commence à discuter…Les dromadaires… Les Américains… Ben Laden… Le Pakistan… Ils sont musulmans… Le jeune est Hindou… Ils sont tous originaires de petits villages ruraux des environs de Jaisalmer… 

On fait le plein et on repart...

Pas de pluie depuis 2 ans… Pas de travail… Ils sont les aînés de famille nombreuse… Pour alimenter le feu, le bois sec et creux des arbustes brûle très vite, nos chameliers envoient le vendeur de boissons ramasser les crottes sèches de dromadaires. Veillée et nuit à la belle étoile… Réveil matinal…

Après encore quelques heures de dromadaires ce matin, on s’arrête pour déjeuner. Le menu demeure inchangé… copieux en chapatis et très épicé… ça gave vite… Chai mais y’avait plus de petit trucs croustillants à l’apéro…

On a payé pour ce « raid-aventure » 650 Rs chacun… De quoi payer la nourriture des 4 chameaux, notre propre nourriture, celle des chameliers, des invités locaux, le prix du taxi pour les quelques kilomètres parcourus, le salaire d’au moins trois personnes… Pour 2 jours… Sans oublier le bakchich pour les maîtres-chameliers-chanteurs… 200 Rs…

Total 2050 Rs… C’est le salaire mensuel du cuistot de notre hôtel ! Selon le coût de la vie en Inde, on peut estimer qu’il y a tromperie… Tout au moins sur la marchandise… Et puis, si l’on regarde les choses sous un œil différent, on peut se dire que finalement c’est pas bien cher payé… Je ne vous ai encore rien dit de notre nuit dans le « désert »… Sitôt le Soleil lumineux disparu, la nuit glaciale nous oblige à nous regrouper autour du feu… On oublie rapidement nos mésaventures (escroquerie ?) et on se réchauffe avec les chapatis et la sauce très épicée. Il fait super froid… On discute quelques heures avec le chamelier qui parle l’anglais… Et Michel se montre un peu plus loquace… Hélène est loin de sa bijouterie… De temps en temps, le second entonne de belles chansons… La glace est rompue… L’instant est magique… Bon allez j’exagère encore un peu… Je dirai plus simplement que ce fut un instant intensément vécu… On finit par aller se coucher… Nos guides viennent pratiquement nous border. Le ciel étoilé est bien joli. Je repense aux cieux de Tabo…

Dans le Silence du Désert…

Le réveil juste avant l’aube fut également un super instant…

Le feu de camp, la nuit à la belle étoile, notre escapade en dromadaires restera sûrement l’un des meilleurs souvenirs (?) de notre périple au Rajasthan. Tout au moins en ce qui me concerne. On rentre à Delhi dans 2 jours… Mon meilleur souvenir de cette étape au Rajasthan, je peux d’ores et déjà vous dire qu’il s’agit de ma rencontre avec mes amis cap-bretonnais. Toutes les Forteresses, les Palais et Temples du Rajasthan (à l’exception du Dilwara de Mont Abu) n’arrivent pas à la cheville des nombreux chai et rires que nous aurons partagés… Je pense au départ car notre organisateur de « safari » vient de me remettre notre billet SNCI pour Delhi… C’est pour après-demain… Il n’a pu trouver des places que sur le trajet Jodpur-Delhi. Mais avec un grand sourire, il me dit qu’il peut trouver sans problème des places en car couchettes… Je flaire une nouvelle embrouille… Bilal est venu me trouver avec le patron de l’hôtel, qui vient juste de changer le bon fusible. L’électricité est de retour. Ils me voient donc utiliser mon portable… Grands sourires ! Et tu diras du bien de nous dans ton journal… En plus il paraît sur Internet !… Tu sais les temps sont durs… Il faut que tu nous recommandes auprès d’autres Français… Notre hôtel, - pas cher -, nos safaris - à la carte -, notre restaurant - sur le toit - … Comptez sur moi ! Et sous prétexte de travail et de dire encore plus de bien sur eux, je les remercie et les accompagne jusque dans le couloir…

12/12/02

Lieu : Jaisalmer

Sitôt après le petit déjeuner on se rend directement à la gare… Il y a une dizaine de personnes devant nous. 10 mn, ¼ d’heure pour chaque personne. Il y a au moins 5 fonctionnaires qui travaillent dans le bureau. On les aperçoit derrière la grille et la vitre opaque. Un seul des trois guichets est cependant ouvert. Je suppose que le second n’ouvre que lorsque la file d’attente dépasse les 50 personnes. Suivant les conseils d’une Australienne, on envoie Hélène pour esquiver la longue attente probable… ça marche… Le guichetier choisit son billet parmi les 3 ou 4 mains tendues à travers la fente… Pour communiquer, la courageuse Hélène doit carrément se vautrer sur le pauvre Indien en tête de file qui refuse néanmoins de céder un seul pouce de terrain ! Elle atteint alors à peine le hublot où elle essaie d’expliquer au préposé SNCI notre affaire… Pas si simple… D’autant plus que j’avais mal rempli le formulaire adéquat… En quelques minutes on se retrouve néanmoins avec nos billets ! Aucun problème… Et je remercie tous les galants Indiens de la file d’attente de ce matin pour avoir laisser passer Hélène ! Même ceux qui se sont agglutiner sur elle. Quant à Bilal, je lui adresse mes meilleurs vœux…

La forteresse de Jaisalmer

Ensuite on a visité une haveli célèbre de la ville. Palais où résidait il y a 400 ans le 1er ministre de Jaisalmer. C’est son descendant (?), l’actuel propriétaire des lieux qui nous fera l’honneur de la visite.

- Je m’arrête 2 minutes… Dehors c’est la fête… Il est 21h18… Ce doit être un jour propice au mariage… C’est le troisième défilé… Musique à fond sur une carrioles décorées… Des batteries alimentent des haut-parleurs qui diffusent les chants traditionnels. Plus quelques musiciens armés de tambours et de grosses caisses… Inutile d’espérer dormir avant… Derrière la musique, les hommes marchent en tête en dansant et chantant. Ils sont revêtus de leurs plus beaux habits… Traditionnel rajasthanais pour les uns, costard-cravate pour les autres. Derrière les hommes, le marié… A cheval… Derrière le cheval décoré et par conséquent le marié, arrivent les femmes. Joli spectacle. Le tout accompagné de feux d’artifice et encadré par quelques jeunes qui portent des néons. La batterie qui les alimente clôt le défilé… -

Retour à l’haveli. Notre guide s’avère performant… On le suit en traduisant ses propos à Michel… Histoire, architecture, objets insolites et anecdotes. Visite intéressante. Le guide se change en commerçant… Ses objets insolites, des cartes postales, des parfums… Tout est à vendre…

On repasse chez le bijoutier d’Hélène pour y récupérer un collier. Mit’ch qui en a marre de jouer les « Paparadjah » évite la corvée et part bouquiner à proximité des portes de la forteresse.

- 4éme défilé… -

Rajah le bijoutier se montre toujours aussi lourd… Il essaie une dernière fois de nous refourguer sa camelote. On arrive à s’en dépêtrer sans rancune… Rajah rejoint Bilal dans mon sac de bons vœux. On aura d’ailleurs le plaisir de les recroiser et de leur dire ce qu’on en pense… ou de les éviter…

On part déjeuner de momos dans un restaurant tibétain de la forteresse. Puis visite du palais de la ville… Trop cher… Sans doute pour payer le « service de sécurité » en costume traditionnel… Le musée est essentiellement composé de panneaux photographiques… L’actuel Maharadjah de Jaisalmer fait un p’tit tour et rejoint Bilal et Rajah… Plus tard, ce sera le tour d’un cireur de chaussures qui, pour avoir recousu et peint les sandales de Mit’ch en rouge, osera lui demander 200 Rs ! Je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire… Mit’ch lui tend 20 Rs qu’il s’empresse néanmoins d’empocher. Dans le sac… Avec tous les autres… Les responsables de cyber café, tous les vendeurs de safaris bidons, de bijoux « antiques », de tissus synthétiques garantis pachmina ou angora, tous ces parasites qui finissent par me donner vraiment envie de tourner la page. Tous dans un grand sac, et le sac dans le Gange… En espérant que les Eaux Sacrés sauront remettre un peu d’humanité dans leur cœur. Cette étape rajasthane m’a décidé à quitter les sentiers touristiques… Enfin pas tout de suite… Il y encore quelques étapes obligatoires : Hardware… Rishikesh… Vanarasi… Bodgaya… Calcutta (?)… Et la plage…

Et puis tout cela reste de plus assujetti à la volonté de la Déesse Mère…

Ce qu’il y a de presque sûr, c’est que demain on prend le train pour Delhi… Le trajet ne prend qu’une vingtaine d’heures ! Après les commerçants escrocs du Rajasthan, Delhi et ses escrocs tout court… Je tâcherai de garder les yeux ouverts.

13/12/02

Lieu : Jaisalmer

Dernière matinée à Jaisalmer… Dernière matinée rajasthane…

L'homme à six doigts...

On en profite pour parcourir les ruelles commerçantes, pour boire des chai et pour s’imprégner une dernière fois de l’atmosphère de la ville… Selon l’expression de Michel… Nous avons voyagé plus d’une trentaine de jours ensembles, au gré de l’itinéraire concocté par sa fille et ses incessants caprices de sa charmante Hélène… Mais ce fut un super voyage…

Nos routes se séparent après un petit voyage en train… On est en seconde classe couchette… Nos places sont réservées, nos noms affichés sur la liste de réservation accrochée à notre wagon. Le voyage est agréable, malheureusement fort poussiéreux… On arrive à dormir et on a tous prévu de la lecture. Des vendeurs traversent le train en proposant des encas. Ou on envoie Michel nous chercher des pakoras et des chai sur les quais où le train s’arrête, c’est à dire presque partout. Rapidement c’est la nuit et on déplie les banquettes couvertes de sable/poussière.

 Le compartiment se transforme en dortoir de six lits. Alors que l’on était pratiquement seuls dans le wagon, le train est pris d’assaut à Jodpur. Il est même complet en couchette… Les Indiens déplient leurs couvertures et sortent des oreillers de leurs sacs de voyage. Ils ont l’habitude.

14/12/02

Lieu : Delhi

On se réveille aux aurores, comme d’habitude. Les Indiens ronflent encore emmitouflés dans leurs couvertures. On saute dans un autre train pour atteindre la gare centrale de New Delhi… Dernier repas avec mes amis… Ils partent pour Agra et son fameux Taj Mahal… Je reste au moins jusqu’à mardi afin de régler mon problème de carte bleue. L’ambassade est fermée aujourd’hui. Il est 14h30… Le chauffe eau de ma chambre d’hôtel est en marche… Je reloge à Pahar Ganj…

Avant d’en finir avec l’épisode rajasthanais et d’entamer un nouveau chapitre, j’aimerais remercier mes deux compagnons de route, Hélène et Michel, qui auront su me supporter durant toute cette étape. Je n’ai pas toujours été très tendre avec eux… Mais ils sont un peu devenus des personnages de mon histoire et j’ai parfois un peu forcé le trait… Ils ne m’en voudront pas… Michel, qui a tout le temps des histoires et anecdotes à raconter sur ses voyages et son restaurant, « le Dauphin » à Capbreton.

Nul doute qu’il vous y accueillera avec plaisir surtout si vous lui demandez gentiment de vous montrer quelques photos de tempêtes ou de voyages… à condition qu’il ne soit pas à parcourir le monde… Je vous y recommande la salade de tomates à 50 Roupettes…

Quant à Hélène, son accent (en anglais c’est pas terrible, mais en espagnol ! Mes respects !), sa patience (au cours de nos chasses photographiques), sa gentillesse et son sourire (et ses nouveaux bijoux…), auront de quoi vous séduire… Elle se fera un plaisir de vous faire des chapatis, et de les partager avec vous… 

Hélène & Mit'ch

Quant aux heures, passées dans presque toutes les bijouteries du Rajasthan, en sa compagnie, ce furent de grands moments de ce voyage…

Je vous souhaite à tous deux de supers bouffes pour les fêtes… Et à très bientôt…

Ce qui était le futur devient le présent, ce qui est le présent devient le passé… Alors pourquoi s’en faire ?

Om Shanti

Pour ma part j’espère me rendre au plus vite dans la vallée du Gange et écourter le plus possible mon passage à Delhi… Encore me faut-il récupérer un petit bout de plastique bleu…

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